À l’origine, le mot «bataclan» désigne selon le dictionnaire “un attirail encombrant d’objets hétéroclites et par extension définit un désordre. dont on veut se dispenser de donner le nom”.
Il est par essence celui que l’on emploie pour qualifier un barda, un désordre. Probablement né en 1761 selon le Trésor de la Langue française le mot, bien que très vite adopté en littérature, demeure mystérieux.
S’agit-il d’une composition arbitraire ou d’une formation onomatopéique ? Nul ne peut le dire mais il fut fréquemment employé, de Flaubert («Ta bonne maman ne pourra pas être à Dieppe dimanche. Il lui faudra, au moins, un jour ou deux pour resserrer tout son bataclan» — Correspondances 1866) à la rue.
Il pourrait faire partie de ces expressions surannées dont la Macronie s’entiche et aime se parer dans ses discours — si celui-là n’était pas si connoté depuis les tragiques événements du 13 novembre 2015 .
Par eux, mot et nom sont devenus connus dans le monde entier. Apparu par l’opérette d’Offenbach intitulée Ba-Ta-Clan, c’est cette chinoiserie musicale très joyeuse et tapageuse qui donnera son nom de baptême à l’établissement du XIe arrondissement né en 1865.
Le café-théâtre autrefois haut lieu du vaudeville allait devenir selon divers avatars salle de cinéma puis salle de concert ou passèrent et passent les grands noms de la scène pop-rock française et internationale (The Police, Blur, The Cure, Jane Birkin,The Clash, etc..
Pour la première fois, l’histoire du lieu est racontée depuis ses origines dans un magnifique livre-album conçu et écrit par un grand poète, auteur et documentariste — Daniel Habrekorn.
Cette entreprise lui revenait presque de droit. Il est le petit-fils d’un des grands directeurs de cette salle : Gaston Habrekorn. L’auteur y vécut ces vingt dernières années et fut le maître d’oeuvre de la réhabilitation historique du bâtiment.
Largement illustré de documents pour la plupart inédits mais en rien nostalgiques tels qu’ils sont présentés, l’ouvrage rappelle l’histoire d’une salle qui fut plusieurs fois sur le point de disparaître.
Le texte aussi pieux qu’alerte ne tombe jamais dans l’autosatisfaction. Il ouvre la renaissance — après sa tragédie — de cet espace qui demeure malgré les épreuves au service de la musique et de la vie parisienne. Si bien que “nous sommes Bataclan” en écho à “Je suis Charlie”.
jean-paul gavard-perret
Je suis BATACLAN depuis longtemps . JPGP en est aussi marabouté .