Une telle fiction pour certains et surtout certaines sentira le souffre. Il ne faudra pourtant pas occulter la puissance générale et presque occulte qu’elle génère.
Sous transposition mythique (même si l’entrerpise est plus subtile et charnel que cela) surgit une défense d’un Adam de notre temps accusé sans preuve de harcèlement sexuel sous la poussée des mouvements Woke, Me TOO et Balance ton porc.
Ce quidam est un homme comme il y en a eu des centaines de millions “avec une forte odeur dans leurs entrailles”. Mais au moment où une moitié de l’humanité se rebiffe avec raison, celui-ci va payer les pots cassés car “on juge qu’il est trop homme”. Et il ne peut rien faire.
Mais, pour l’expliquer, Brou remonte à Adam et Eve chassés du Paradis terrestre. Il montre comment ils sont entraînés sur des chemins qui ne mènent nulle part et où les “bêtes de ciel” se sont parfois méprises dans le barycentre de la bouche et d’ailleurs jusqu’au moment “où tout poète à la gueule” en un de ces instants où forcément “quelque chose est dit qui ruine le dit”.
Dans un système narratif symptomatique, sans simplification et en réitération, l’auteur dit sa colère non seulement face l’histoire de la Genèse, de l’avenir des êtres mais au sein de l’esprit du temps et parfois ses excès.
Le professeur submergé tente de se refaire même si on voulut l’écraser — ce qui fut chose presque faite. S’inscrit ainsi une histoire de l’amour et du désir mais qui est repris ici hors des lois qui administrent une morale devenue coutumière. Elle vise à démontrer que toute vie d’homme (entendons de mâle)) est considéré comme une erreur qui succède à celle des femmes.
Mais dans ce bouillonnement, c’est un “nous” qu’on bousille. L’objectif ou l’appel est de refaire le tracé génésique à l’envers pour que “Adam l’enfant et Eve la vieille” finissent par se retrouver contre des laideurs et abrutissements qui veulent toujours être mis du même côté et même si celui-ci s’est inversé.
Il s’agit malgré tout d’essayer d’infiltrer du baume et du boom au coeur dans la force de vivre en communauté agissante, loin de l’angoisse vers une forme de paix.
jean-paul gavard-perret
Jacques Brou, Chemin d’Eden, Tindbad, coll. Tindbad Roman, Paris, 15 septembre 2022, 210 p. — 20,00 €.