Lydie Planas aime renverser les surfaces : et si le “vrai” titre du livre est bien Dires au bord des plis, de fait il est précédé en faux titre (qui devient le bon) de l’adresse à laquelle ce livre est dédié : “à l’être sismographe, à Richard Meier”.
Et c’est aussi une manière de saluer celui dont l’exposition personnelle, Surtout la nuit par temps clair, a lieu en même temps que l’édition de ce livre.
Celui-ci — en “repons” au travail de Meier — devient une suite, une suie et un “suis” vertébral aux syncopes calcinées.
Lydie Planas, toujours au bord des gouffres, y écrit comme à l’ombre de sa gorge dans le ressac des nuits et l’écume des jours.
Elle reste l’ardente brûlée à laquelle Meier ouvre la possibilité de naviguer en des “pages radeaux” à l’épreuve du corps broyé.
Ce dernier crée le passage là où la pensée se griffe, se mange, “se tape la tempe au grondement du mot”.
Tout devient incandescent pour donner présence au corps chaos de “l’envasée”. Elle explore ses labyrinthes dans l’espoir d’en trouver la sortie. Et ce, jusque dans les plis de la boîte crânienne de la somnambulique rêveuse éveillée.
Chez elle, jamais de tricherie mais un face-à-face impitoyable afin que ces plis se transforment en célestes sillons.
Le temps n’est pas encore venu mais quelque chose avance.
Meier n’y est pas pour rien
jean-paul gavard-perret
- Lydie Planas, Dires au bord des plis, Editions Voix — Richard Meier, 2Elne, 2022, 40 p.,
- Richard Meier, Surtout la nuit par temps clair, Galerie Lligat, Perpignan du 21 mai au 4 juillet 2022.
” Surtout la nuit par temps clair ” ne peut que me plaire puisqu’ il s’agit de mon très cher Richard Meier homme et artiste de qualité !