Non sans une certaine nostalgie, Anne Létoré suit en divers moments de sa vie son “Marin”, sorte d’héros perdu dans la recherche du bateau Cassiopée, en référence à l’épouse de Céphée. A son bord, jeune, il se retrouve sous l’emprise de Maîtresse, qui a imposé à Capitaine — amant défaillant — de lui trouver un port où elle pourra trouver un homme plus viril.
A la recherche de chair fraîche, elle est insatiable. Dès lors se multiplient des escales et escalades de la passion : Venise, Hambourg, Istanbul, île tropicale, etc..
Accompagnée de son merle blanc, Maîtresse “empapaoute” ce pauvre héros. Dès qu’elle disparait, le désemparé est obsédé par son souvenir et son fantôme depuis la vacation libidinale d’exception sur le navire dont il fut matelot. Et la narratrice offre le discours de celui qui, après être monté sur le bateau de l’ivresse, s’abandonne à diverses sirènes dont une authentique au milieu de bien des cougars.
Preuve que les femmes sont ici fatales en cette histoire poétique et fantastique au sein de flash-backs et d’avancées où Marin et le Capitaine vont se retrouver au nom de leur amour aussi en transe que perdu. Jusqu’à ce qu’une autre larronne s’en mêle : Violette, impudique servante de l’héroïne.
Et les “choses” se gâtent.
Marin — et jeune et vieux — se voit soumis aux caprices dépravés de la dominatrice et de sa servante par son alter ego. Chaque épisode de cette descente aux enfers se clôt par un poème. Il souligne non sans délectation la violence et l’immoralité d’un tel conte.
Histoire de ralentir un peu son mouvement de marée érotique pour le plaisir des lectrices et lecteurs.
jean-paul gavard-perret
Anne Letoré, Quand le merle blanc…, Editions de L’Âne qui butine, Coll. Xylophage, 2011, 164 pages, 22 €..