Spirou est le témoin d’une terrible période. Il traverse la Seconde Guerre mondiale en Belgique. Après 1940, Spirou et Fantasio perdent leur emploi. Ils ont l’idée de créer un théâtre de marionnettes, Le Théâtre du Farfadet pour donner des spectacles dans les écoles et aider à soutenir le moral des populations.
À l’été 1942, Spirou a été pris dans une rafle avec les deux enfants juifs qu’il protège. Ils sont dans un train en route pour la Silésie. Alerté par les témoignages de ses voisins, il décide de sauter du train avec les enfants, en profitant d’un ralentissement du convoi. Ils atterrissent dans une rivière et parviennent à rejoindre la ferme d’Anselme. Ce dernier va cacher les deux enfants.
Spirou renoue avec Mieke qui n’arrête pas de le déconsidérer, jugeant que seul le combat pour la libération de la Belgique est valable. L’intensification des rafles, des convois vers l’Est, la recherche de la nourriture de plus en plus rare mobilisent les héros en plus de leur spectacle. Ils s’investissent dans la Résistance sans bien appréhender les périls qu’ils encourent…
L’auteur plonge ses personnages dans la guerre et leur fait subir les conséquences du conflit. Il les confronte à nombre de situations historiquement vécues par les populations. C’est le quotidien qu’il dépeint avec les arrestations, les convois qui partent chargés de juifs vers on ne sait quelle destination. Il en montre tous les aspects, de la résistance à la collaboration, du marché noir à la fabrication de faux papiers, de la réalisation de planques pour cacher les fuyards aux tortures pratiquées par la Gestapo.
Il a fait le choix de donner une différence d’âge aux deux héros. Spirou n’a pas l’âge requis pour être soumis au STO, ce Service du Travail Obligatoire qui envoie les adultes travailler en Allemagne. Fantasio a pu faire réaliser des papiers le présentant comme un ouvrier indispensable sur place. On croise un certain M. René, un peintre de renom. Les dialogues sont construits et donnent une vision des situations, offrant des plages d’humour bienvenues dans cette terrible ambiance.
La conception graphique retenue par Émile Bravo prend en compte la période où se déroulent l’histoire et le style alors employé dans les bandes dessinées. On se rapproche de ces planches des années de guerre, du Tintin des premiers albums. Les décors très présents, sont soignés, détaillés et habillent avec brio les vignettes.
La mise en couleurs de Fanny Benoit privilégie les teintes sobres qui reflètent l’atmosphère pesante qui régnait.
Un album qui remet en mémoire les diverses péripéties vécues au niveau du peuple avec une intrigue forte portée par un couple de héros dans un cadre inhabituel pour eux.
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serge perraud
Émile Bravo, Le Spirou d’Émile Bravo : L’Espoir malgré tout — Troisième partie :” Un départ vers la fin”, Dupuis coll. “Tous Publics”, octobre 2021, 116 p. – 17,50 €.