Le minimalisme pluriel de Vinça Monadé
Vinça Monadé — suite à ses études aux Beaux-Arts de Paris et d’Histoire de l’art où elle a découvert les Primitifs italiens — commença par explorer le trait à travers différents médiums dont la sérigraphie, la gravure. Chez elle, le trait comme d’ailleurs les surfaces se rapprochent autant de la nature que de l’abstraction.
La ligne tremblante qui semblait errer et hésiter sur le support fut un point de départ. Peu à peu, le trait a trouvé son “nord” avant de se fondre dans des pans de couleurs dont il est devenu le périmètre invisible.
Il se peut que de tels champs de couleurs soient, selon le titre d’une de ses séries, “couleurs des champs” mais il se peut tout autant que ces espaces graphiques pleins et colorés soient le fruit d’un imaginaire où la vision extérieure renvoie à des paysages intérieurs auxquels la céramique accorde du volume.
A son propos, l’artiste précise : “J’ai cherché à mêler le grain de la chamotte à la douceur d’une terre lisse, à utiliser des argiles de couleur et d’enduits proches de la matité de la gouache, dont quelques émaux viennent enrichir les surfaces”. C’est une idée simple aux termes complexe, des termes simples pour une idée complexe. Entre ellipses et trajectoire, dans ce géométrisme actif, surface et motif créent un langage d’épures minimalistes.
“Je poursuis souvent les mêmes motifs, la feuille, la fleur, l’oiseau et des bestioles que je griffonne et capture dans mes carnets de croquis”, écrit l’artiste.
Mais ils deviennent, au-delà de l’errance et la fixité, des pans énigmatiques. Leur force sensorielle, mystique et affective demeure surprenante et source d’une dynamique étrange. Surgissent des mondes oubliés, des vérités omises.
Une seule à vrai dire : celle de la réalité où l’être se doit de perdre pied.
Eléments abstraits ou non ne sont pas dans le paysage : ils le font. L’exigence de l’ouverture suit son cours pour de nouvelles genèses.
jean-paul gavard-perret
Vinça Monadé, Dessins et sculptures-céramique, Espace Martiningo, Chambéry, du 18 septembre au 3 octobre 2021 .
la rigueur du trait n’exclut pas la douceur de l’œuvre . Fasciné par l’impeccabilité de Vinça Monadé le regardeur est en bonheur parfait .
Oui. C’est ça.