Nicolas Mathevon, Les Animaux parlent, sachons les écouter

 “Si vous êtes un peu perdu ou perdue”…

Aimant les ani­maux et m’intéressant à l’éthologie, j’espérais me réga­ler en lisant cet ouvrage. Quelle ne fut pas ma décep­tion quand il s’avéra, dès les cent pre­mières pages, que je devrais me for­cer pour l’achever !
Ce n’est pas que son contenu manque d’intérêt : cela vaut la peine d’apprendre, par exemple, que les oiseaux com­mu­niquent entre eux en se signa­lant non seule­ment comme rouge-gorge ou merle, mais en tant qu’individus, ce qu’on pour­rait trans­crire par “Je m’appelle Untel“ (p. 42), ou que “le nombre de syl­labes du chant du Man­chot royal est pro­por­tion­nel à la vitesse du vent“ (p. 75).
Le cha­pitre 14, consa­cré à la com­mu­ni­ca­tion et aux sys­tèmes sociaux des hyènes, qui peuvent s’allier pour “fomen­ter des coups d’Etat“ (p. 320), est par­ti­cu­liè­re­ment savou­reux. Les cyno­philes seront sans doute amu­sés de décou­vrir que l’humain parle à l’espèce canine comme aux bébés, même s’il a affaire à un chien adulte, alors que c’est effi­cace uni­que­ment avec les chiots (pp. 370–371). On pour­rait trou­ver aussi d’autres pas­sages à la fois ins­truc­tifs et diver­tis­sants en feuille­tant le livre, mais hélas, je ne sau­rais vous recom­man­der de le lire de bout en bout.

J’y ai été rebu­tée par trois défauts : l’aspect répé­ti­tif ou fas­ti­dieux d’un grand nombre d’expériences, décrites avec minu­tie, alors qu’il aurait mieux valu les réduire au mini­mum (s’agissant d’un ouvrage des­tiné au grand public), les pro­cé­dés redon­dants (on ne sau­rait dénom­brer les phrases du type : “Vous souvenez-vous de [tel scien­ti­fique] qui s’occupait de… ?“) et la façon de s’exprimer, qui com­bine des fautes de fran­çais irri­tantes, dont l’usage sys­té­ma­tique de “démar­rer“ à la place de “com­men­cer“, et l’écriture “inclu­sive“ qui nous offre ici des perles telles que “chas­seuse“ (plu­tôt que “chas­se­resse“), et “pro­fes­seuse“, sans même par­ler des lour­deurs exas­pé­rantes comme “nous étions extrê­me­ment contents et contentes“ (p. 240), “les uni­ver­si­taires fran­çais et fran­çaises“ (p. 449) ou “Si vous êtes un peu perdu ou per­due“ (p. 428).

Le plus drôle, c’est que l’auteur remer­cie sa cor­rec­trice (p. 451) et la dame à laquelle nous devons le choix de l’écriture “inclu­sive“, en pariant que nous l’aurions “à peine remar­qué“ (p. 452) !

agathe de lastyns

Nico­las Mathe­von, Les Ani­maux parlent, sachons les écou­ter, HumenS­ciences, jan­vier 2021, 514 p. – 23, 00 €.

2 Comments

Filed under Essais / Documents / Biographies, On jette !

2 Responses to Nicolas Mathevon, Les Animaux parlent, sachons les écouter

  1. Nicolas Mathevon

    Bon­jour et merci de cette cri­tique. Etant l’auteur de “Les ani­maux parlent”, je me per­mets d’informer d’éventuels lec­teurs ou lec­trices (permettez-moi de n’oublier per­sonne… ;-) ) de l’existence d’un site web accom­pa­gnant le livre. Vous y trou­ve­rez quelques extraits (ainsi que des enre­gis­tre­ments, des films…) :
    https://mathevon0.wixsite.com/website-2/phoquebarbu
    https://mathevon0.wixsite.com/website-2/copie-de-croc
    https://mathevon0.wixsite.com/website-2/extraits
    Bon voyage sonore !
    Nico­las Mathevon

  2. Garcia

    C’est un livre pas­sion­nant et foi­son­nant que je viens d’achever de lire. Vous nous confir­mez ainsi que les ani­maux ont beau­coup à nous apprendre et nous en savons tel­le­ment peu. La goutte d’eau du savoir, si patiem­ment acquise, que vous nous offrez dans cet ouvrage c’est un peu moins de frus­tra­tion dans l’océan de notre igno­rance. Diable soyons opti­mistes ! Gageons que nous trou­ve­rons des solu­tions pour sau­ve­gar­der notre oasis spa­tiale com­mune et que vous pour­rez nous réga­ler d’une nou­velle et éclai­rante publication.

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