Jean-Paul Gavard-Perret, Les verbes d’actions presque ratées (livre des listes — IV)

Il faut bien quelques rai­sons impé­rieuses pour écrire. La pre­mière est exac­te­ment celle qui — pous­sant à cares­ser le souci de l’autre — voit son entre­prise d’histoire d’O ne pas chan­ger la face des choses mais tom­ber à l’eau. Pour­tant c’est tom­bal et velouté. C’est volupté. Que Saint Fan­de­cul me vienne en aide pour remuer le val­seur, opter pour l’allegro sinon à per­pé­tuité du moins que piaffe mon Edith de Nantes, ma Ruth à bagage, ma Marie Bas de l’aile.

Qu’elle exhibe encore les pièces à usi­ner par son grais­seur de lam­pion. En sa sébile Jésus joue le Robin des bas. Mais il  faut sou­quer, sabrer, cra­pu­ler, musi­quer, trui­ter, den­ter, cra­pu­ler, dra­cu­ler, capi­ton­ner, éper, ruer zébrer, cra­mer, débar­bouiller, apo­ger, ligo­ter, déva­li­ser, com­pos­ter, phil­trer et fil­ter, plan­ta­ge­ner, coquer, taur­réer, fré­mir, ter­rer, fifrer, tro­gner, bou­cher, racler, couillir, plom­ber, escri­mer, déglu­tir, mas­sier, sali­ver le point G,  cam­boui­ner, hold-uper, anu­so­ter, conju­guer, pétrir et arron­dir les fins de moi, tron­cher, pur­ger, pres­ser, bar­ba­rer, accé­lé­rer, obtu­rer, oper­cu­ler, tur­bu­ler, per­cer, bou­lon­ner, suço­ter, suce-hurer, mou­li­ner, béan­ter, ver­nis­ser, reluire, asti­quer, par­ler du nez ne pou­vant — mas­ti­quant — res­pi­rer, guer­royer, tur­ges­cer, funam­bu­ler, tison­ner, cali­brer et cir­con­ve­nir, le bas lan­cer, dan­ser, swin­guer, rota­ti­ver, for­cer, cor­sa­ger, gîter pis­ton­ner, trous­ser, duje­ton­ner, gigo­ter, mame­lon­ner, gau­ler, tur­lu­rer, for­ger, jam­bon­ner, mais aussi roman­ti­ser, amen­der, sphé­rer, éruc­ter, bou­ter, sou­quer, bous­cu­ler dans expé­dier, bro­der badi­ner, vivi­fier, appâ­ter, épa­ter, heur­ter, trou­bler, cuber, tâton­ner, offi­cier sans réserve, vis­ser et vicer (enfin presque), cou­ron­ner, souillon­ner, grim­per aux rideaux, chat ne pas lou­per, enfan­ter, tin­tin­na­bu­ler, sali­ver, gober, bor­du­rer, tor­cher, pom­per, fré­go­lir, s’accroupir, glou­ton­ner, vidan­ger, épou­mo­ner, éplu­cher, bran­cher, bran­dir, pal­per, chia­der, tam­pon­ner, écu­mer, détrô­ner, condes­cendre, mer­ce­ri­ser, spi­ra­ler, cochon­ner, se jucher, dépous­sié­rer, bour­si­co­ter, bou­ter, gro­gner, gron­der, bra­mer, trem­per, bai­gner, ne pas chan­ger de main, pin­cer, bran­dir et racket­ter pour que la der des douai­rières se mette à s’enflammer et son dégoût piller afin de la faire rou­cou­ler aba­sour­die et son­née, avant bien­tôt inerte de déman­te­ler m’absenter, éva­cuer, lâcher et déguer­pir en taci­turnes burnes, affai­bli, éreinté par l’attirante véné­rée désor­mais désenchantée.

Elle me repro­chant de la boy­cot­ter après tout le mal que je me suis donné mais se croyant bra­dée. Et moi de bre­douiller en me rha­billant au plus vite et évi­tant de chi­ca­ner pour ne pas la contra­rier ni contro­ver­ser, quoique désap­pointé par celle qui sous la tem­pête me sem­bla appré­cier d’avoir été hono­rée voire gri­sée avant de s’écrouler en féli­cité. Mais c’était comme si sou­dain elle se débar­ras­sait du ser­pent que je fus pour — qu’à Dieu ne plaise — l’incarner. Mais sans doute esti­mant que je n’avais trouvé que des bas-fonds en lieu et place de son tré­sor inson­dable.
Néan­moins je me vou­lus poète de son corps, méde­cin de son âme. Mais avait déjà dis­paru l’envoûtement exor­ci­sant. Il fal­lait donc la quit­ter sine die pour un temps afin d’attendre, attendre encore de la naïade son “reviens-y” et son “je suis contente que vous soyez reve­nue”. Et ce, en réac­tion dif­fé­rée de mon intru­sion qui lui donna res­sen­tir cer­tains fris­sons — entre autres grâce ce qu’Henri Michaux nomma “la verge gluante de vérité”. Sans doute comprendra-t-elle que tout cela ne fut qu’un début et indi­quait som­mai­re­ment le cou­rant à suivre. Mais le ter­rain est glis­sant alors que nous le croyons vierge. Il faut tou­jours savoir retour­ner au rivage avant de se lais­ser rem­por­ter par les vagues et que des nuits nous appar­tiennent encore dans la mon­tée ver­ti­cale et explo­sive de tels moments d’existence.

Jean-Paul Gavard-Perret

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One Response to Jean-Paul Gavard-Perret, Les verbes d’actions presque ratées (livre des listes — IV)

  1. Valverde Pierre

    Joli­ment exprimé

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