Sous l’égide des vers de Cocteau : “Les murs / Les murs / Ont des oreilles / Et les miroirs / De yeux d’amant”, Jean de Breyne propose une déambulation à travers des photos de graffiti des rues où les images deviennent des paroles incisées.
Elles sont issues de diverses sources : littéraires ou fruits d’un cri de celles ou ceux qui ont l’impression d’être privés de paroles.
Tout un langage multiple jaillit pour casser le silence et ouvrir la poésie à des mondes ignorés dans lequel le dessin lui-même parle.
Les auteurs tirent la langue qu’on a voulu leur confisquer. Et peu importe les syntaxes parfois chancelantes.
Dérivations, ellipses, assonances créent une “obscénité” d’un genre neuf. L’imaginaire y déploie une force parfois ailée et subversive.
C’est là l’expression d’un désir vital adressé à celles et ceux qui passent. Jean de Breyne en retient les éphémères traces.
Il y a là des “croyances” exhibées, des hurlements muets, des signes des vaincus, des questions existentielles qui brûlent dans le bouillonnement du possible ou de l’impossible.
Le glissement de tels messages vient à nous.
jean-paul gavard-perret
Jean de Breyne, Phrases de la rue, Photographies, préface de Michèle Aquien, Eitions de L’Ollave, 2020, 128 p.
Très bonne définition sur ces expressions graffitis d’un monde dont le seul moyen de se faire connaître est la rue.