La fixité des photographies de Mauro Macchioni se double de mouvements. Le portrait et le paysage, le dedans et le dehors s’ouvrent littéralement de manière radicale mais tempérée par une touche implicite de jeu d’inversions.
La voiture reste une coquille. C’est le lieu où l’être en ses déplacements rêve, dérive. Le photographe italien montre la présence du corps dans le cockpit mais selon des perspectives de la réalité la plus errante dès que la focale se met à la place du passager ou de la passagère.
Mais Mauro Macchioni laisse le passage plus à des éléments fuyants que pressants. Il donne à la figuration du portrait ou du paysage une sorte d’abîme et d’inquiétude.
De fait, la matière de jouissance est “uberisée” d’emmêlements qui, plutôt que de créer des convergences, fabriquent de la spéculation plus ou moins vague.
Comme le passager ou le conducteur, le photographe observe un film qui se déroule autant dehors que dedans. Les pensées qui se perdent sont traduites par un paysage particulier : tout semble éloigné en un cadre aussi intime et introspectif que “extime” et représentatif.
Et voici nos semblables, nos frères et nos soeurs ou leurs visions par le brouillage d’une forme d’évidence. D’une certaine manière la voiture échappe à son propre contrôle dans le moulage particulier que crée chaque prise.
Elle devient le lieu de perte et de méditation dans un émoi latéral. Car il existe des émois de cette sorte comme il y a des air-bags latéraux. Nous devenons à notre tour rêveur ou songeuse d’un lieu laissé derrière nous ou défilant.
Nous goûtons alors une situation de réflexion et de rêverie sans savoir au juste où les déplacements conduisent réellement.
jean-paul gavard-perret
Mauro Macchioni, From inside / De l’intérieur, 2020.
cher monsieur Gaver-Perret
merci beaucoup pour les mots splendides et pour la critique précise et profonde.
Je suis honorée et reconnaissante pour cette belle surprise. Désolé pour le délai de réponse. J’ai récemment pris connaissance de cet article et merci à une amie qui est plus à l’écoute que moi.
merci merci beaucoup
Mauro Macchioni