À pensez-vous ?
Quoi ? en disant cela ?
Oui.
Que c’est une famille comme les autres et qu’il y a une explication pour tout.
De la lumière, des arbres, c’est comme quand on pense à mourir.
Que faisiez-vous dans le réfectoire ?
Je trouve qu’on y est bien. Il y a un côté poétique, avec ces lumières glacées sur les miroirs, des espèces de pivoines de cristal.
Vous aimez ?
…
Le thé ?
Oui.
Ma sœur. Elle est juste spécialiste de l’équilibre. Un danger pour elle-même. Et même quand je travaillais au téléphone, elle allait très loin, au Pérou, à Djakarta, à Rome. Elle quittait la Suisse très souvent. C’est une spécialiste de l’équilibre. Et ma mère ajoute : un danger pour elle-même.
Vous aimez la nuit ?
La nuit ? Oui.
Alors ?
Pour moi, c’est un peu comme la mort et tout ça. Je ne vais jamais à la synagogue. Je n’aime pas les fêtes. Et puis, on n’aime pas les filles chez moi.
Et l’échelle de Jacob ?
C’est vrai ? Cela existe ? N’est-ce pas, c’est là-haut ?
Buvez votre thé. Vous avez de belles idées. La nuit, le ciel….
J’allais bien jusqu’à mes dix-huit ans. Et mon frère est mort si vite, si brutalement, sans aucune raison, à cause d’un surdosage. Et cela, mon père n’a pas pu.
Pourquoi ?
Je ne sais pas. Cela lui a tiré une larme comme de la pierre, dans les yeux, le jour de l’enterrement. Il a gaspillé. Il a dilapidé tout l’argent de la famille.
Votre père ?
Non, mon frère. Toujours avec des dealers. Olivier Corsini.
Regardez. Le jour arrive. Le sommeil. Je veux dire, pour moi, cela va être le repos. Je vais revenir chez moi, voir mes deux fils au déjeuner du matin, et sommeiller un peu jusque dans l’après-midi.
Mais, la nuit, ce n’est pas toujours pareil ? Un moment ou un autre, ça se déchire, n’est-ce pas ? Comme une sorte de vêtement.