Si “L’homme est un loup pour l’homme”, Ella Balaert rappelle qu’il l’est encore plus pour les femmes. Mais l’auteure de Petit bouton de nacre sait faire passer le message par une langue parfois rouge sang où l’humour devient sa veine.
La langue possède l’immense mérite de vaquer dans le monstrueux pour casser des harmonies toujours autant imitatives que vues de l’esprit.
Les vieux bestiaires de l’angoisse sont métamorphosés dans une œuvre qui pourrait rappeler un certain surréalisme. Pour preuve, ce que rappelle G-O Châteareynaud dans sa préface : « Je tiens que le réel est présent dans chacune des nouvelles fantastiques d’Ella Balaert avec une acuité et une prégnance qui font défaut à beaucoup, sinon à la plupart des auteurs réalistes. »
Les visions bienveillantes et heureuses sont remplacées par des farces cruelles que l’auteure se garde bien de conclure.
Les hommes se nomment tous (ou presque) Machin-Truc et ils ont la capacité d’accorder aux femmes le moins d’attention et de place possible. C’est leur géo-politique intime et cela se dit de manière aussi désopilante que subtile dans ces nouvelles.
Il n’est pas jusqu’aux roses de Ronsard d’y durcir de la tige après un dernier spasme, ce qui est à l’opposé de ce qui fait la gloire masculine.…
Ella Balaert reste libre de toute école, de toute attache en irréductible et irrégulières de la littérature. Elle ne recherche pas l’étranger pour son étrangeté mais pour ce qu’il y a d’intime en lui.
Et lorsque des choses déformées passent sous un fond animalier, la créatrice donne aux êtres des mouvements sauvages et charpentés dans lesquels se joue un culte païen au sein de désordre subis ou voulus.
Tout dépend du côté où l’on bascule dans le grouillant et le labyrinthique.
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jean-paul gavard-perret
Ella Balaert, Poissons rouges et autres bêtes aussi féroces, Editions des Femmes — Antoinette Fouque, Paris, 2020, 190 p. — 15,00 €.
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