Après son dernier roman (à succès) Le Discours, le dessinateur de BD et écrivain Fabrice Caro confirme toute sa verve dans Broadway où se mélangent des situations désopilantes à l’existentielle mélancolie.
Axel, son héros, s’engage à ce que les Franciliens de son lotissement estiment représenter un plaisir mais qui n’a rien pour lui d’une “ciné-cure”.
Qu’importe : il fait bonne figure et, par démultiplication de ses forces, il semble prêt à une expérience sportive qui ne lui dit rien qui vaille du côté de Biarritz.
Mais tant va la planche à l’eau qu’à la fin elle se casse et Axel veut faire de même. Il est fait pour les comédies musicales de Broadway plutôt que de subir encore et encore les fêtes à neuneu de fin d’année ou d’été.
Bref, il a besoin d’exister autrement que dans la souffrance des barbecues où se tètent des chipolatas et de La Villageoise (mais c’est du même tonneau).
Sa décision éprise est prise. Demain, comme Georges Marchais jadis, il fait les valises. Mais sans bourgeoise à ses côtés.
A lui Buenos-Aires plutôt que les aires d’autoroutes.
Toutefois, si son désir est pavé de bonnes intentions, la vie est plus rétive à de telles embardées et embarcadères. Il se peut bien en effet qu’Axel rate son encoche et que ses rêves se liquéfient.
Mais, en déformant la langue admise, son mentor plutôt que de l’envoyer paître nous en fait son compagnon.
C’est indéniablement notre semblable, notre frère. Et non par l’opération du sain d’esprit, mais par celle d’un écrivain.
Au lieu de nous fourvoyer dans le “piège” de la culpabilité, ce dernier nous donne des raisons d’espérer - non sans tendresse comique et bienveillance farcesque — au peu que nous sommes et que nous pouvons faire.
lire un extrait
jean-paul gavard-perret
Fabrice Caro, Broadway, Sygne — Gallimard, Paris, 2020, 208 p. — 18,00 €.
Mais oui voici Axel notre ami sain d’esprit et objectif sur une vie moins belle mais réelle . Bravo Fabrice Caro !