Les pluies d’elles de Conceiçao Evaristo
Conceiçao Evaristo, dans chacune de ses nouvelles, met des corps féminins en lutte contre la violence. Celle de l’esclavage, celle des mères qui à la fois sont des agents de libération des femmes mais aussi, par ceux qu’elles engendrent, le facteur de leur oppression.
Ces textes se veulent comme leurs héroïnes “remplis d’espérance mais pas aveugles” face aux problèmes qu’une telle écriture met à nu. Elle cloue des mots qui ne sont pas des manière de recoudre les trous de la misère mais deviennent des sangles : face au métal des couteaux, elles répandent celui d’une plume capable de mettre fin aux verrous des rumeurs et des idées reçues comme autant de coups.
Conceiçao Evaristo écrit à coeur couvert les corps désaccordés des femmes spoliées, réduites à des enclos, à des obscurs accords et à de cruelles conciliations. Surgit ça et là, un réalisme magique pour laisser poindre comment tintinnabule le désir à la margelle des gorges avant qu’il se dissolve en cri dans l’aboiement des hommes.
Ceux-ci scarifient celles qui furent parfois leur mère ou leurs soeurs. Elles doivent se fermer, se retirer en des anatomies en instance d’être où se perle l’égarement de leurs écartèlements.
jean-paul gavard-perret
Conceiçao Evaristo, Ses yeux d’eau, nouvelles, trad. du portugais par Izabella Borges, éd. Des femmes — Antoinette Fouque, Paris, 2020, 160 p. — 15,00 €.
Superbe article !
Fiction ou réalité ? Intéressant de le découvrir.