André Breton & Paul Eluard, Correspondance, 1919–1938

Méfiances réci­proques et ronds de jambes

Breton et Eluard (sur­tout) sont — parmi les écri­vains sur­réa­listes — les moins inté­res­sants. Du second on sau­vera le Dic­tion­naire abrégé du mou­ve­ment pour la bonne rai­son qu’il donne sur­tout la parole aux autres. Fidèles à l’école pour des rai­sons d’hégémonies, les deux auteurs se livrent à un échange com­passé et sans grand inté­rêt sauf pour ceux dont le champ d’investigation reste l’état de la lit­té­ra­ture fran­çaise dans la pre­mière par­tie du XXème siècle.
L’ensemble est alam­bi­qué au sein d’une ten­ta­tive d’équilibriste de deux ouvriers en coquet­te­rie qui se vouent une cer­taine estime et nouent divers cal­culs afin de pré­ser­ver leurs pré­bendes. Certes, rien n’est dit ouver­te­ment mais les deux com­pères s’entendent comme lar­rons en foire (d’empoigne) lorsqu’il s’agit d’étouffer les rebel­lions de famille au milieu des luttes lit­té­raires et poli­tiques où le Parti Com­mu­niste se taille la part du lion.

Rien donc de pas­sion­nant là où les deux auteurs se montrent en réci­pro­cité à l’exception de quelques confi­dences intimes mais de manière très par­ci­mo­nieuse sur une cer­taine mytho­lo­gie fémi­nine. Existe une cer­taine vacance dans ce contact fluc­tuant de ceux qui — se livrant cer­tains ser­vices — sont plus avides de la sou­mis­sions de leurs pairs que de leur libé­ra­tion. Dali en fera les frais et il en est ques­tion ici.
Les autres écri­vains sont plus ou moins rava­lés au rang de scribes. Du tour­ment humain en géné­ral, il n’est pas ques­tion. Tout tourne plus ou moins autour de deux nom­brils dans une valse des masques.

Le paraître est là dans les éclats de ce qu’ Eluard nomme, dans Cours natu­rel, “un dôme de méfiance”.

jean-paul gavard-perret

André Bre­ton & Paul Eluard, Cor­res­pon­dances 1919–1938, Gal­li­mard, col­lec­tion Blanche, 2020, 460 p. — 32,00 €.

1 Comment

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One Response to André Breton & Paul Eluard, Correspondance, 1919–1938

  1. Villeneuve

    Un parti pris trop sub­jec­tif de JPGP aller­gique aux sur­réa­listes et par­ti­cu­liè­re­ment à Bre­ton qui n’a rien à voir avec un lar­ron de foire .

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