Fétichisme et résistance
Quentin Tarantino ne cesse de créer un déplacement sur les croyances que le film par son essence génère. Mais le désenchantement passe chez lui par des images exponentielles. Et le créateur, après avoir revisité les genres (western, manga, guerre, policier, etc.) passe au lieu de leur gestation et industrialisation : Los Angeles.
Dans ce conte, le réalisateur mélange le réel et la fiction selon une trituration effervescente du temps au moment où Sharon Tate perdit la vie et signa par sa disparition celle de l’âge d’or d’Hollywood.
Il est de bon ton désormais d’accuser Tarantino en affirmant que son intelligence créatrice serait une vaste farce. Mais ses titillations d’aliéné ou d’aliéniste plongent toujours dans un monde pervers et créent un vol au-dessus du volcan d’une usine à rêve qui flirte avec le pire.
Racontant — avec une certaine lenteur pour s’attarder sur les corps et les lumières de manière picturale — l’Hollywood d’il y a 50 ans, le réalisateur à travers deux héros de fiction (un acteur déclinant et son double) invente un réseau littéral de fantasmes en expansion. Un tel conte de fées et compte de faits sauve l’oeuvre et son capotage lors du plus raté de ses films, “Inglorious Bastards”.
Ici le monde d’avant avec ses Cadillac rutilantes est radieux au moment de sa disparition. Elle permet une nouvelle fois — à celui qui ne cesse de lancer son cri “Vive le cinéma !” — de faire preuve d’intensité et de fracas avec les leurres des productions hollywoodiennes des grands studio à l’univers sale.
Tarantino dans cette confrontation reste un créateur passionné et un sale gosse. Qu’importe son mauvais goût et une morale (si morale il y a) douteuse. Ce film demeure une fiction cynique et drôle où le fabulateur rejoue le cinéma, le remet en scène et le renouvelle dans l’expansion de formes caricaturales au sein de destins pervers et d’une mutation du 7ème art tel qu’il fut, qu’il est ou qu’il devient.
jean-paul gavard-perret
Durée : 2h41mn
Synopsis
En 1969, la star de télévision Rick Dalton et le cascadeur Cliff Booth, sa doublure de longue date, poursuivent leurs carrières au sein d’une industrie qu’ils ne reconnaissent plus.
En cinéphile averti JPGP développe en compétence absolue la virtuosité de la mise en scène d’une fresque portée par 2 acteurs fabuleux qui s’en donnent à cœur joie devant la caméra d’un amoureux du cinéma .