Spécialiste des mises au vert saugrenues et des montées d’étendards paradoxaux, Valéry Molet sait bien ce qui se trame autour de nous. Il s’y engouffre mais selon des modalités particulières. Face à ce qui démonte et oppresse, il crée des barrages de diverses natures.
Espère-t-il une vie pacifiée ? Pas forcément mais l’auteur trouve un moyen de balader son corps et le nôtre loin des sentiers battus.
Entretien:
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
A peu près tout ce qui fait me coucher le soir.
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
Des rêves d’adultes dans lesquels la place du cauchemar est une hypothèse réaliste.
A quoi avez-vous renoncé ?
A tout ce qui n’avait aucune importance et à rien d’essentiel.
D’où venez-vous ?
D’un quartier pauvre de banlieue et de la lune quand elle est éclipsée.
Qu’avez-vous reçu en dot ?
Strictement rien et j’ai fait un mariage morganatique.
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
Une promenade avec une femme dans Paris, un verre de vin et le dénigrement du « sergent » sérieux.
Qu’est-ce qui vous distingue des autres artistes ?
Je n’y crois pas
Comment définiriez-vous l’esprit de vos poèmes et textes ?
L’humour, la distance, ne jamais parler de l’Etre, et une mélancolie active. Parfais, je pense que la narration a encore de l’avenir
Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir non seulement auteur mais éditeur ?
La répétition de l’ennui.
Quelle est la première image qui vous interpella ?
Mon père me lisant “Les 3 mousquetaires” tandis que ma grand-mère nous hurlait dessus en polonais parce qu’on mangeait du chocolat avant de s’endormir.
Et votre première lecture ?
Le Napoléon de Tarlé.
Quelles musiques écoutez-vous ?
Comme tout le monde, Bach et la création contemporaine.
Quel est le livre que vous aimez relire ?
Gilles de Drieu la Rochelle sur lequel je publie bientôt un essai.
Quel film vous fait pleurer ?
“Faute d’amour” de Andreï Zviaguintsev.
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
Un schnock encore gai.
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
Paul Préboist : il était déjà mort.
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Plougrescant, Côtes d’Armor.
Quels sont les artistes et écrivains dont vous vous sentez le plus proche ?
Stasiuk, Drieu, Nietzsche et Baptiste Carluy.
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Une tourniquette à faire la vinaigrette.
Que défendez-vous ?
Les hypothèses.
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Parfois, je me sens chrétien.
Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la question ?“
Quand je disais « non » à mon père, il me répondait : « ce n’est pas comme cela qu’on dit oui ».
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
Pourquoi toujours pourquoi ?
Présentation et entretien réalisés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 4 juin 2019.