Les portraits diffractés de Jacqueline Devreux
Jacqueline Devreux évoque par les photographies, dessins, peintures de ses deux nouvelles exposition l’imperceptible, le délicat, la montée du plaisir, l’infime caresse mais aussi les ombres qui planent sur les femmes et leur identité. Rien n’échappe à l’artiste de ce que le goût de la vie met en éveil. Avec son corps entier, la créatrice est à l’écoute du corps qui en suggère un autre qui en appelle un troisième. Se devine un processus d’avancée même lorsque le portrait semble battre en retrait pas certains effacements programmés.
L’artiste, par ses propres expériences et rencontres, se met toujours à l’écoute de se qui se passe. Elle le transpose dans ses portraits qui interrogent le regard. L’attention portée au féminin est majeure. Sa profondeur affleure. Un frisson d’évidence se déploie, même au sein de caviardages en subtilités pudiques et révélatrice à la fois d’un érotisme larvé.
La jubilation plus ou moins secrète, elle, scelle un acte de foi à la féminité qui doit, pour exister, lutter afin d ‘exister et revendiquer sa spécificité. Une telle approche est une réponse à un besoin vital là où l’immobilité du portrait ne cesse de bouger au nom de la résultante de tous les dépôts de vagues successives de l’histoire de l’art comme de l’Histoire tout court.
Jacqueline Devreux crée une suspension, un point d’équilibre au fil du temps qu’il faut pour accomplir la saisie de ce qui — traversant l’image — se met à bouger afin que les données du monde changent.
jean-paul gavard-perret
Jacqueline Devreux,
- Babylon’s burning, Hôte Gallery, Bruxelles, du 7 au 30 décembre 2018,
- Sweet dreams, ne9enpuntne9en, Roeselare (Belgique) jusqu’au 5 janvier 2019.
Très bel article ! merci infiniment pour ce regard posé sur le travail en chantier que je réalise depuis si longtemps.