Jadis, il y eut des mains sur ce corps
Il existe dans les photographies de l’intime de Saul Leiter une nostalgie qui traverse les corps en perte de celui d’un partenaire qui n’est plus là. De cette absence, les mots disent peu. Il faut des images.
Seule la « matière » photographique rassemble et chante (en blues) un arrière-pays, un paysage obscur. Le corps qui demeure crée un trajet qui ramène une mémoire des survivances qui hantent et qui se cherchent encore. Jadis, il y eut des mains sur ce corps, ce visage.
Mais ne reste qu’une lumière presque noire advenue d’une fouille, d’un ressassement. Ombres, éclaircies, contrastes, jours et nuits qui semblent se succéder. Et qu’importe si le ciel est bleu ou orageux. Ici toutes les amours sont grises. A contre-jour – lumineux et obscur. Et le vœu de Leiter et de rejoindre ce qui ne se voit pas, et qui ne se voit plus.
Appelons ça toucher à l’invisible, à la présence vibrante et secrète des lieux et des êtres dans la trace du chemin où du visible disparaît à la matière pour laisser place ou suggérer la présence immatérielle.
jean-paul gavard-perret
Saul Leiter, In My Room, Howard Greenberg Gallery, New York, du 10 mai au 30 juin 2018.
jean-paul 2, thanks so much for the post.Really thank you! Great.
Merci cest très gentil !!