Parce qu’irrégulier de la littérature, Pétrus Borel est resté en ses marges. L’échec de Madame Putiphar mit fin à ses ambitions d’écrivain. Il dut se résoudre à devenir fonctionnaire colonial en Algérie et y mourut. Son œuvre demeure néanmoins capitale par sa noirceur et son formalisme parfait. Baudelaire a d’ailleurs reconnu l’apport d’un auteur sans lequel il aurait existé une « lacune » dans le romantisme français. André Breton lui aussi salua le génie du « Lycanthrope » (l’homme loup) et l’inséra dans son Anthologie de l’humour noir au nom d’un romantisme dont la « foi fut plus irréductible qu’aucun autre ».
Tzara vit en Borel le gothique une des figures emblématiques de ce qu’il nomma la poésie–« activité de l’esprit », visible autant dans l’existence que dans l’œuvre du créateur. Ses ouvrages restent aujourd’hui encore impertinents et ouvrent des sortes d’états d’urgence. Ils viennent mettre à mal les échafaudages du spectacle orthonormé du monde. Pétrus Borel ranime toujours une résistance face à ceux qui méprisent l’espace mental en y semant une soumission.
L’auteur tira des vieilles lunes de la littérature qui le précédait un sens archéologique qui rend fondamental son rôle. Il sut sortir de l’asservissement de son temps et de la culture officielle pour trouver des moyens de s’opposer à l’endormissement de son époque via, entre autres, la révision du roman gothique, son renouvellement.
Du réservoir du passé il sut piocher pour avancer sa fiction et sa poésie tout en laissant vagabonder son imagination afin d’alimenter de manière insidieuse notre inconscient et nos circuit perceptifs et cognitifs. Bref, Pétrus Borel proposa de faire du trop-plein du tout-venant un vide afin de retrouver un autre flux d’images plus naïves, profondes et sourdes.
jean-paul gavard-perret
Pétrus Borel, Œuvres poétiques et romanesques, Textes choisis et présentés par Michel Brix, Editions du Sandre, Saint Loup de Naud, 2017, 784 p. — 45,00 €.
Pétrus Borel est resté — parce qu’irrégulier de la littérature — en ses marges.
Ça ne marche pas !
Il eut fallut écrire :
Parce qu’irrégulier de la littérature, Pétrus Borel est resté en ses marges.
bises
www.lenkalente.com
Petite rectification : l’ouvrage fait 784 pages et non 84.
merci à vous pour ces 2 précisions et rectifications utiles, de suite intégrées.
cordialement,
la rédaction du litteraire.com