Dominique Gauthier, Ecrits (1976 — 2016)

Quarante ans de peinture

Domi­nique Gau­thier vit et tra­vaille dans l’Hérault. Sa pein­ture se carac­té­rise autant par l’excès que la maî­trise. Dans ses toiles ssouvent immenses se déploie une exu­bé­rance de formes, masses, contours, épais­seurs, super­po­si­tions, ronds. L’abstraction, comme la décons­truc­tion et le mono­chrome y sont bous­cu­lés. Dans ses  Ecrits l’artiste explique com­ment il fomente ses « fables » afin d’atteindre l’indicible et l’invisible.
Les textes prouvent com­bien la pein­ture est une pen­sée en acte. L’artiste explique son pro­ces­sus de créa­tion Il prouve que son tra­vail est à consi­dé­rer — au-delà de la pen­sée inten­tion­nelle et concep­tuelle, au-delà de l’objet dans sa stricte maté­ria­lité — comme un pro­ces­sus de pen­sée en trans­for­ma­tion : « L’art est l’installation d’un ins­tant, l’état de la pré­sence qui repose et repasse sur la réa­lité pour par­ve­nir à éta­blir de l’image. C’est de toute manière une néga­ti­vité du réel. Main­te­nant, à ce jour et dans la signa­ture que je dois signi­fier, je pense à par­tir de l’idée de la sor­tie pour que quelque chose puisse arri­ver, puisse se pré­sen­ter. Du grand exer­cice de la forme, de son ins­tal­la­tion à la fois acquise et tran­si­toire, de son néces­saire silence, l’œuvre se conçoit comme idée, comme essence, à par­tir de pen­sées struc­tu­rantes et tech­niques où la mobi­lité est l’axe consti­tu­tif. » écrit l’artiste.

Son lan­gage plas­tique est par­ti­cu­lier. Entre autres dans la pré­sence du rond et du mono­chrome. L’artiste y « expose l’espace où vivent les idées », en explo­rant diverses pos­si­bi­li­tés « sans perte, sans reste, sans ruine ». Se crée tout un jeu sur l’absence par la pré­sence où des opé­ra­tions créent des poin­tillés et des fuites en des ins­tances cir­cu­laires sus­cep­tibles de créer le rythme intrin­sèque à chaque œuvre. Celle-ci est aussi une inter­ro­ga­tion posée à et par la matière même de la pein­ture. Laquelle s’ ins­crit là où tout se fait et se défait en dis­po­si­tifs oni­riques et para­doxaux.
L’investissement du défaut y est pré­sent tout comme une extra­va­gance fon­dée entre immo­bi­lité et accé­lé­ra­tion. Chaque anneau crée une confi­gu­ra­tion ten­due vers une per­fec­tion volon­tai­re­ment contra­riée comme si dans le geste se rete­nait tou­jours une autre pos­si­bi­lité. D’où la prise de risque conti­nuelle d’une œuvre qui se pour­suit comme une aven­ture d’expériences visuelles D’une toile à l’autre tout s’interpelle. La norme est revue et cor­ri­gée, au besoin en fai­sant appel à des élé­ments revi­si­tés de diverses manières que l’artiste pré­cise. Dès lors, si la pré­face de son livre par Yves Michaud est anec­do­tique, les écrits eux-mêmes sont constam­ment pas­sion­nants par les angles qu’ils ouvrent et les pré­ci­sions qu’ils apportent.

jean-paul gavard-perret

Domi­nique Gau­thier, Ecrits (1976 — 2016), Edi­tions Méri­dianes, Mont­pel­lier, 2017 — 28,00 €.

2 Comments

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2 Responses to Dominique Gauthier, Ecrits (1976 — 2016)

  1. Michaud

    je remer­cie le nommé gavard-perret d’avoir qua­li­fié ma pré­face aux écrits de Gau­thier d’anecdotique. Il est cer­tai­ne­ment qua­li­fié par une pro­duc­tion immense pour juger ainsi autrui.

    • Michaud

      Je le remer­cie d’autant plus vive­ment que, ren­sei­gne­ments pris auprès de l’éditeur, l’auteur du compte-rendu en question.…n’a pas eu le livre qui n’est pas encore à l’impression.…
      Com­ment par­ler des livres qu’on n’a pas lu? — il y un livre là-dessus, je crois.

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