Frédéric Tison est un poète aussi précis, méticuleux qu’aérien même lorsque les corps amoureux s’effondrent dans le soir. La nuit prend alors un merveilleux visage. Mais il en existe un autre, plus proche, à embrasser, à aimer. Le poète l’évoque en apostilles. Si bien que « rien » n’est dit mais pour exprimer plus.
Des hâtes s’empressent contre la nuit. Elles s’y enfoncent si bien que les amoureux deviennent des anges aux « ailes froissées » avec des « papillons et rêves pour la pensée ». D’où ces illuminations nocturnes : il n’existe plus d’orphelin de l’amour.
Pour se chauffer, nul besoin de couper du bois mais de s’abandonner sous les branches. De la nuit coule et persiste un fleuve qui enfle, déborde en éclats fiévreux, en une alchimie de l’espace et du temps là où l’épreuve de la solitude de (presque) toujours n’a plus cours. Frédéric Tison soulève bien des traces par ses « poèmes ». Ils bornent les sentiers, coupent à travers bois.
La nuit brûle de lumière. L’orphelin de tout et de toujours retrouve une plénitude. Une fois de plus, et comme le disait Michaux, « la nuit remue ».
lire notre entretien avec le poète : http://www.lelitteraire.com/?p=33471
jean-paul gavard-perret
Frédéric Tison, Lettre à la nuit, Ed. Danielle Berthet, coll. Apostilles, Aix les Bains, 2017. Voir site de l’artiste.
Très bel article Jean-Paul !