Entrez dans la vraie vie des héros et légendes du Far West
Dans ce bel ouvrage, illustré de reproductions de photos d’époque, d’articles de journaux, de peintures ou de dessins, Farid Ameur entreprend de passer en revue l’histoire de héros devenus légendes, d’hommes et de femmes entrés dans l’imaginaire collectif. Car si leurs noms sont connus de tous, si les westerns ont raconté leurs exploits souvent sanglants, certains détails de leurs vies restent mystérieux, voire méconnus.
Qui sait par exemple que c’est le désir de vengeance qui fera de Jesse James le « prince des hors la loi » ? Que c’est suite à un passage à tabac par une patrouille unioniste qu’il s’enrôlera auprès des confédérés ? Avec son frère Franck, il incarnera la violence endémique qui déclenche des luttes fratricides dans l’Ouest américain au lendemain de la Guerre de Sécession. Ironiquement, Jesse le héros mourra désarmé, d’une balle dans la nuque, dans l’anonymat (sous le pseudonyme de Mr Howard). Qui sait que Billy the Kid, « voyou de bas étage devenu légende vivante », voleur de bétail mort à vingt-et-un ans après une carrière éphémère de tueur professionnel, était aussi « vif d’esprit », lisait couramment, maîtrisait l’espagnol et se passionnait pour la musique et la danse ? Qui peut imaginer que Buffalo Bill, le « plus jeune tueur d’Indiens des Plaines », instable nombriliste qui cultivait une image d’aventurier solitaire menant « une vie dissolue pleine de dangers » selon ses propres dires, qui reste dans les mémoires comme le vengeur de Custer et le tombeur du chef Cheyenne Yellow Hair, ou encore le chasseur de bisons qu’il deviendra sur le tard (il se vantait d’avoir tué 4290 bêtes, un chiffre sans doute exagéré qui lui valut néanmoins son surnom), fut « l’un des rares héros de la conquête de l’Ouest à avoir vécu assez longtemps pour avoir été filmé » ? Excellent tireur, chasseur hors pair – capable d’abattre plus de cinq cents ours en un hiver – Davy Crockett est devenu l’archétype du trappeur solitaire. On sait moins qu’il a combattu les Indiens aux côtés du futur président Jackson, avant de devenir député démocrate et fervent défenseur des droits des petites gens : c’est son combat perdu contre les spoliations touchant Indiens et colons qui le conduira à la dépression et à l’alcoolisme.
La liste est longue, de Calamity Jane, seule femme dans cet univers machiste et ultra violent, adepte de rixes sanglantes, multipliant les amants, mais aussi femme de cœur qui commença comme lavandière et tutrice de ses frères et sœurs cadets, avant de se faire protectrice des déshérités, gagnant ainsi le surnom moins connu d’ « Ange de la miséricorde », aux frères Dalton – eh non, ils ne sont pas uniquement issus de l’imagination du créateur de Lucky Luke –, devenus voleurs de bétail avant de passer aux attaques de banques, trains et autres diligences, alors que leur avenir semblait prometteur (deux diplômés de l’université, un marshall, un entrepreneur prospère), et ne s’appelaient pas Joe, Jack, William et Averell, mais Grattan, Bill et Emmett (ils ne furent que trois à sévir) ; en passant par Butch Cassidy et le Kid, Lewis et Clark ou George Custer. Sans oublier les seigneurs de guerre Indiens Cochise, Sitting Bull, Crazy Horse ou Geronimo.
Outre des textes passionnants et des biographies vivantes et complètes, le livre offre des illustrations magnifiques et fascinantes, qui ajoutent à son intérêt. À mettre entre toutes les mains.
agathe de lastyns
Farid Ameur, Héros et Légendes du Far West, François Bourin, octobre 2012, 207 p. — 34 €