Les poèmes d’Olivier Deschizeaux sont des invectives et des visions douloureuses (souvent) hantées ici par le thème de la vieillesse. L’auteur n’est pourtant pas un poète âgé mais sans doute le temps a laissé des traces. Et ce, depuis l’enfance qui dans un de ses anciens textes « semble être un chien étreint par les larmes du deuil, une cerise de chrysanthèmes, il ne reste plus que la mort à ton bras». Ce nouveau recueil repart de là. De cette nuit de toujours.
Comme les autres textes de l’auteur, celui-ci est le fruit d’une élaboration viscérale venue des vieilles genèses comme du chaos. Rendant des sensations nouvelles, sa langue brise le logos. Elle laisse apparaître un sujet souverainement expressif.
Les poèmes font surgir des vagissements du vieil enfant qui porte en lui la force sonore de sa souffrance aussi étouffée qu’haletante. Ils résonnent comme un chant antique mastiqué par une énorme bouche d’abord épouvantablement refoulée, mais qui orgueilleuse a finalement su oser un flux lyrique tissé en torsades qui scandent la « blessure obscène » chère à Artaud.
Un tel langage n’est pas un délire. C’est au « pire » la folie du sage mais une folie qui ne tient en rien du fantasme si ce n’est celui d’être encore en vie.
jean-paul gavard-perret
Olivier Deschizeaux, Et la mort comme reine, Editions Saint Étienne, collection “L’orpiment”, Le Réalgar, 2016.
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