Caroline Kepnes, Parfaite

A la vie, à la mort ?

Quand Beck rentre dans la petite librai­rie New Yor­kaise tenue par Joe, Joe a immé­dia­te­ment le coup de foudre. Il voit en Beck la femme par­faite, et déve­loppe rapi­de­ment une véri­table obses­sion pour elle, se met­tant à épier le moindre de ses faits et gestes. Il pirate son ordi­na­teur et lui sub­ti­lise son por­table. Il s’immisce pro­gres­si­ve­ment dans son entou­rage, et par­vient à deve­nir ‘l’ami’ de son ado­rée. Il finit par séques­trer l’ex-petit ami de Beck dans la cave-cage amé­na­gée sous sa librai­rie, et va s’en débar­ras­ser. Rien ne doit entra­ver sa rela­tion nais­sante avec Beck, ni un ex, ni ses amies aisées très enva­his­santes. Joe ne voit en Beck que la per­fec­tion, et il est prêt à tout pour se faire aimer d’elle, à la vie, à la mort. Va-t-il arri­ver à ses fins, ou être démas­qué par celle qu’il idéa­lise ?
Parfaite est le pre­mier roman de la jour­na­liste et scé­na­riste Caro­line Kepnes. L’histoire est nar­rée par Joe, et les évé­ne­ments sont donc tous per­çus à tra­vers son regard de per­vers obsédé par l’image de Beck, qu’il idéa­lise dès les pre­miers ins­tants de la ren­contre. C’est donc une plon­gée dans le cer­veau d’un psy­cho­pathe que nous offre Caro­line Kepnes. Joe a l’air de Mon­sieur Tout Le Monde, un jeune homme qui tient un com­merce sans his­toire, mais prêt à tout pour séduire et faire sienne Beck, étu­diante un peu désoeu­vrée, bien dans son époque, mais un rien per­due dans ses rela­tions avec les autres. Beck confie sa vie sur les réseaux sociaux, twitte tout et n’importe quoi. Elle n’attire pas spé­cia­le­ment la sym­pa­thie du lec­teur, tant sa vie semble superficielle.

Joe se com­porte comme un pré­da­teur, il traque les moindres faits et gestes de Beck, espionne son inti­mité, atten­dant le meilleur moment pour frap­per, et atteindre le but qu’il s’est fixé : vivre sa vie avec Beck, quitte à semer la mort autour de lui, croyant, et nous fai­sant croire que ceux à qui il la donne, la méritent.
Le lec­teur ne déve­loppe aucune empa­thie pour les per­son­nages, et c’est sûre­ment ce qui manque le plus dans ce roman aux lon­gueurs par­fois décou­ra­geantes. Il faut éga­le­ment oublier la morale pour se plon­ger dans les méandres du cer­veau tor­turé des per­son­nages. Le scé­na­rio est bien ficelé, et l’on sent ici la plume d’une femme aguer­rie à une écri­ture très visuelle, mais l’ennui peut nous gagner et il faut dépas­ser la moi­tié du roman pour vrai­ment adhé­rer au rythme nar­ra­tif de Caro­line Kepnes.
Le final est cepen­dant réussi, mais la per­fec­tion n’est pas de ce monde, et dans ce pre­mier roman non plus, qui reste trop inégal.

franck bous­sard

Caro­line Kepnes, Par­faite, Pocket, 2016, 512 p. — 7,70 €.

Leave a Comment

Filed under On jette !, Poches, Pôle noir / Thriller

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>