Grâce à Anne-Sophie Costenoble, le regardeur apprend à voir autrement les images. Surgit la promesse d’un autre horizon, d’une autre aventure à la fois photographique mais aussi existentielle. Les photographies engendrent des ouvertures et offrent un temps pour la réflexion. C’est pourquoi ici l’image ne se vide jamais de sa substance et permet de ranimer une présence.
Existe un « faire corps » là où la photographie devient mode de transmission du ressenti. Il faut en effet selon la créatrice ne jamais sortir du corps, de sa joie, de ses angoisses sourdes, de son silence et parfois de son intimité.
Entretien :
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
Réveiller mon cœur endormi.
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
J’en réalise certains.
A quoi avez-vous renoncé ?
A la facilité, à trouver, à prouver.
D’où venez-vous ?
De la campagne.
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
Faire un pas de côté.
Qu’est-ce qui vous distingue des autres artistes ?
Une difficulté à dire le “Je” peut être…
Quelle est la première image qui vous interpella ?
Les grands portraits de famille dans la salle à manger familiale.
Et votre première lecture ?
“Le nœud de vipère” de François Mauriac.
Pourquoi votre attirance vers le portrait ?
J’en fais très peu. Ils s’imposent et je me rends compte qu’ils restent.
Quelles musiques écoutez-vous ?
J’ai besoin de l’énergie du rock, de la sensualité des musiques latines, des textes de la chanson française, du classique aussi.
Quel est le livre que vous aimez relire ?
“L’inondation” Evgeni Zaniatine.
Quel film vous fait pleurer ?
“21 grammes” d’Alejandro González Iñárritu.
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
C’est difficile.
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
A mes fils.
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Irkoutsk en Sibérie, près du lac Baikal.
Quels sont les artistes et écrivains dont vous vous sentez le plus proche ?
En ce moment, Yoko Ogawa, Michael Borremans, Joël Pommerat, Fernand Khnopff, Jean-François Spricigo, Marguerite Duras, Zingaro,… des artistes qui sont en fidélité et qui me donnent de l’élan. Leur travail résonne.
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Une baguette magique.
Que défendez-vous ?
Le droit de dire non et le doute.
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Je pense que si l’on ne demande rien et si l’on n’attend rien, les choses deviennent plus faciles.
Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la question ?“
Elle incite “à dire Oui à la vie… ”
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
Il y en a déjà eu beaucoup. Je n’aime pas les questions et les réponses encore moins mais l’exercice a été agréable…
Présentation et entretien réalisés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 30 octobre 2015.
C’est merveilleux de découvrir un peu de toi.
Tu as répondu avec délicatesse et franchise.
On te devine bien c’est toi, c’est beau.
Comme dit Jipi à la lecture : elle se débrouille bien…Ça veut tout dire.