Mathieu da Vinha, Au service du roi. Dans les coulisses de Versailles

Les cou­lisses de la Cour de Versailles 

Le livre de Mathieu da Vinha nous confirme qu’il y a tou­jours quelque chose à apprendre sur la Cour de Ver­sailles. Ce monde par­ti­cu­lier ne peut en effet être limité aux Grands, monarque, famille royale et cour­ti­sans. A leurs côtés – et non en des­sous d’eux – gra­vite une foule de per­son­nages, maillons indis­pen­sables pour le bon fonc­tion­ne­ment de cette vaste méca­nique qu’est le sys­tème de la Cour.
Mathieu de Vinha a choisi de nous pré­sen­ter cer­taines de ces per­sonnes dont la grande his­toire n’a pas retenu le nom. Il leur consacre à cha­cune un cha­pitre, ce qui a l’inconvénient de ne pas favo­ri­ser une ana­lyse syn­thé­tique et croi­sée, mais pos­sède l’avantage de bien les décrire, eux, leurs ascen­dant et leurs descendants.

Ainsi le lec­teur apprendra-t-il beau­coup Pierre Man­seau, l’indispensable inten­dant de Mme Main­te­non, devenu « l’homme clé de Saint-Cyr », sur Pierre Stoppa, com­man­dant des gardes suisses qui convain­quit le roi de ne pas en bais­ser les effec­tifs, sur Jean-Baptiste Lazure qui mit ses talents de cui­si­nier au ser­vice des petits sou­pers ou enfin sur Fran­çois Hébert, curé de Ver­sailles, pour­fen­deur des vices de la Cour mais habile cour­ti­san…
Cela dit, ce livre n’est pas seule­ment une somme de récits bio­gra­phiques. A tra­vers ces por­traits, l’auteur décrit cette incroyable struc­ture admi­nis­tra­tive que consti­tue la Cour de Ver­sailles, avec ces dif­fé­rentes fonc­tions : grand veneur, grand-maître de la garde-robe, concierge de la ména­ge­rie du palais, etc. Il confirme aussi l’importance des valets qui vivent dans l’intimité des Grands et pos­sèdent sur eux une influence certaine.

Enfin, l’ouvrage est une pein­ture de la société d’Ancien Régime. Comme nous l’avait déjà indi­quée la bio­gra­phie du car­di­nal Dubois, il existe bel et bien un ascen­seur social dans cette société pour­tant vili­pen­dée depuis deux siècles. Tous les per­son­nages décrits par Mathieu de Vinha par­viennent à la Cour grâce à de patients efforts, indi­vi­duels mais le plus sou­vent sur plu­sieurs géné­ra­tions, et adoptent, à l’instar des familles nobles, une stra­té­gie fami­liale (via les mariages) qui per­met la pour­suite de l’ascension.
On lira donc cette étude avec grand intérêt.

 fre­de­ric le moal

 Mathieu da Vinha, Au ser­vice du roi. Dans les cou­lisses de Ver­sailles, Tal­lan­dier, mars 2015, 350 p.- 20,90 €.

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