Catia Montagna en ses éloges subtils (Quelques heures avec Eridano) – entretien avec la photographe (français — italien)

Pour Catia Mon­ta­gna, la nature devient un champ magné­tique d’une sen­sua­lité aérienne, dif­fuse. Demeure aussi une puis­sance tac­tile. L’artiste n’est pas domi­née par le pay­sage. A l’inverse, elle ne cherche pas à la contraindre. Le fan­tasme est rem­placé par un mythe fémi­nin et sou­vent aqua­tique en dépit du type ter­restre de nature que la pho­to­graphe choi­sit de cer­ner en une sen­sua­lité abs­traite.
L’oeuvre crée la véri­table ren­contre et la sor­tie du temps. Elle devient la recherche d’un par­cours. C’est aussi une tra­ver­sée, un gouffre de sen­sa­tions. La gra­vité est là mais s’y ren­verse. Catia Mon­ta­gna s’y pro­jette lorsque cela est pos­sible par moments. Un peu comme dans l’amour. Chaque épreuve de la créa­trice s n’ajoute pas un objet au monde. Elle l’est à sa façon. Elle n’est pas un contrat social mais un mariage d’amour avec la nature.

Entre­tien :

Qu’est-ce qui vous fait sor­tir du lit le matin ?
La Vie. Le besoin et la curio­sité de vivre… et les nom­breuses choses à faire et à pen­ser ce que cela implique.

Que sont deve­nus vos rêves d’enfant ?
Enfant, je rêvais de deve­nir ensei­gnante… Je viens d’une famille de la classe ouvrière. Mes parents n’ont pas eu l’occasion d’étudier et ils m’ont tou­jours donné l’occasion d’étudier et m’ont encou­ragé à le faire. Je me sou­viens que le jour de la remise des diplômes, mon père, un homme intro­verti, mal­gré son sens de l’humour, a eu du mal à mon­trer son émo­tions. Il pleu­rait de joie. J’ai tou­jours aimé étu­dier et depuis que je suis très jeune, j’ai tou­jours perçu l’enseignement perçu comme un acte continu d’étude fondé sur la réci­pro­cité et la sti­mu­la­tion intel­lec­tuelle entre les élèves et les ensei­gnants. Mon rêve est devenu réa­lité quand, après avoir obtenu un diplôme en éco­no­mie en Ita­lie et un doc­to­rat en Grande-Bretagne, je me suis lancé dans une car­rière uni­ver­si­taire. Mais les rêves sont tou­jours nom­breux, nous les por­tons avec nous-même lorsqu’ils changent et aident à défi­nir qui nous sommes.

A quoi avez-vous renoncé ?
Chaque jour, vous faites des choix, et chaque choix implique d’abandonner. Des déro­ga­tions petites ou grandes peuvent pro­vo­quer quelques regrets avec le temps. Mais en géné­ral, une fois que le choix a été fait, je n’ai pas ten­dance à vivre ce que je n’ai pas choisi comme un renoncement.

D’où venez-vous ?
Je suis né à Parme, en Ita­lie. Petite ville, inté­res­sante et pleine de contra­dic­tions. J’ai cepen­dant passé la majeure par­tie de ma vie en Grande-Bretagne où j’ai tou­jours travaillé.

Quelle a été la pre­mière « image » qui a frappé vos émo­tions ?
Il est dif­fi­cile de pen­ser à une « pre­mière » image. J’ai tou­jours eu une forte mémoire et cer­taines images (pho­to­gra­phies, pein­tures, pay­sages) conti­nuent d’émerger même à des décen­nies plus tar­dives. Parmi les pre­mières images qui me sont venues à l’esprit, citons cer­tai­ne­ment les vieilles pho­tos de famille. Une de mes tantes les col­lec­tion­nait et elle a pris des pho­tos de tout le monde. J’aimais fouiller dans de vieilles boîtes de pho­to­gra­phies de vieux parents que je n’ai jamais pu connaître. J’ai regardé ces visages immor­ta­li­sés dans des moments de joie, de cha­grin ou d’espoir où ils se deman­daient ce qu’il res­tait de leur vie.

A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
En privé, j’ai tou­jours essayé de faire face aux mots même incon­for­tables de cer­taines per­sonnes. J’ai sou­vent eu l’instinct d’écrire à des per­sonnes publiques — poli­ti­ciens, écri­vains — mais je ne l’ai jamais fait.

Pouvez-vous nous expli­quer votre esthé­tique pho­to­gra­phique ?
Quand je pho­to­gra­phie, je ne pense pas être gui­dée prin­ci­pa­le­ment par des cri­tères esthé­tiques. Bien sûr, la com­po­si­tion, la lumière et l’ombre déter­minent si une pho­to­gra­phie «fonc­tionne » ou non. Mais la plu­part du temps, ils sont impor­tants pour ce qu’elles aident à trans­mettre. Des réac­tions immé­diates, comme un coup, sont le moyen par lequel j’essaie de com­mu­ni­quer mon sen­ti­ment pen­dant un moment, un envi­ron­ne­ment ou une situa­tion.
J’aime cap­tu­rer le quo­ti­dien. Ma for­ma­tion en sciences sociales a cer­tai­ne­ment influencé cer­tains de mes inté­rêts pho­to­gra­phiques et peut-être même mon style. Mais même lorsque je déve­loppe des pro­jets qui reflètent l’effet de fac­teurs ou de normes éco­no­miques sur notre inter­ac­tion avec notre envi­ron­ne­ment natu­rel et/ou social, je ne pra­tique pas une approche docu­men­taire. D’autre part, je suis atti­rée par la poé­sie sub­tile des ambiances et des nuances de la vie qui — à tra­vers les filtres des spé­ci­fi­ci­tés du temps et du lieu – révèlent les ten­sions exis­ten­tielles et l’éphémère de la condi­tion humaine. Je crois, entre autres, que c’est la rai­son pour laquelle je pré­fère le noir et blanc, qui sug­gère plus qu’il ne le fait.

Qu’est-ce qui vous dis­tingue des autres artistes ?
Je ne me consi­dère comme un artiste que dans la mesure où en être un signi­fie essayer d’exprimer sa propre créa­ti­vité. La pho­to­gra­phie pour moi a ce rôle. Je pho­to­gra­phie en quelque sorte à l’instinct et je ne cherche pas consciem­ment un style. En ce sens, mes pho­to­gra­phies expriment ma façon d’interpréter ce que je vois et res­sens quand je regarde, sachant que ceux qui regar­de­ront cette photo plus tard pour­ront voir quelque chose de com­plè­te­ment dif­fé­rent. Et, après tout, je pense que c’est ma façon de trans­cen­der ce qui est «lit­té­ral » aux deux extré­mi­tés du pro­ces­sus qui rend l’art si fas­ci­nant et qui donne un carac­tère unique à chaque expres­sion artistique.

Où et com­ment travaillez-vous ?
J’habite à la cam­pagne, sur les pre­mières col­lines, et j’adore tra­vailler à domi­cile, dans mon ate­lier avec mes fenêtres ouvertes ou entrou­vertes. Quand je pho­to­gra­phie, je me pro­mène beaucoup.

Quel est le livre que vous aime­riez relire ?
Un livre qui m’a été offert pour mes dix-huit ans et qui m’a frappé « Teresa Batista Fati­guée de la guerre » par Jorge Amado : Je me suis tou­jours pro­mis de le relire. J’ai à la fois la ver­sion ita­lienne et la ver­sion anglaise que j’ai don­née à mon mari – mais je ne l’ai pas encore fait, peut-être de peur qu’il ne sus­cite plus ma colère selon des réac­tions dissemblables.

Quand vous vous regar­dez dans le miroir, qui voyez-vous ?
Je ne me suis jamais trop regar­dée dans le miroir. Et, comme pour les gens, quand je le fais, j’ai ten­dance à regar­der les yeux – et les yeux que je vois me semblent les même que toujours…

Quels sont les artistes dont vous vous sen­tez le plus proche ?
Pho­to­gra­phie : Tina Modotti, Mar­ga­ret Bourke-White, Ugo Mulas, Caio Mario Gar­rubba, Garry Wino­grand, Luigi Ghirri, mais aussi Joseph Kou­delka, Gianni Berengo-Gardin, Ste­phen Shore, Daido Moriyama… très dif­fé­rents, mais ils m’ont tous donné quelque chose d’important qui va bien au-delà de la photographie.

Que souhaitez-vous rece­voir pour votre anni­ver­saire ?
Des livres.

Que défendez-vous ?
Des valeurs (jus­tice sociale, soli­da­rité, paix, hon­nê­teté intel­lec­tuelle)… et la mémoire historique.

Qu’est-ce qui vous ins­pire dans la phrase de Lacan : « L’amour, c’est don­ner quelque chose que vous n’avez pas à qui ne le veut pas ? »
Ne pas faire de pro­messes qui ne peuvent pas être tenues.

Et que pensez-vous de cette phrase de W. Allen : « La réponse est oui, mais qu’elle est la ques­tion ? »
Hors contexte, cela me fait pen­ser à la pro­pen­sion à m’adapter sans réflé­chir ou écouter.

Quelle ques­tion ai-je oubliée ?
Aucune. Merci beau­coup pour l’opportunité qui m’est don­née avec cette interview.

Entre­tien, pré­sen­ta­tion & tra­duc­tion et par jean-paul gavard-perret, le 4 juillet 2024.

Che cosa la fa alzare dal letto la mat­tina ?
La vita. Il biso­gno e la curio­sità di vivere … e le tante cose da fare e da pen­sare che­ciò comporta.

Che ne è stato dei suoi sogni di bam­bina ?
Da pic­cola sognavo di diven­tare un’insegnante … Vengo da una fami­glia di ope­rai. I miei geni­tori non ave­vano avuto l’opportunità di stu­diare e mi hanno sempre inco­rag­giata a farlo. Ricordo che il giorno della lau­rea mio padre, un uomo intro­verso che nonos­tante il forte senso dell’umorismo fati­cava a mos­trare le pro­prie emozioni,pianse di gioia. Ho sempre amato lo stu­dio e fin da gio­va­nis­sima ho sem­pre­per­ce­pito l’insegnamento come un conti­nuo atto di stu­dio basato sul reci­proco sti­molo intel­let­tuale tra stu­denti e inse­gnanti. Questo mio sogno si è avve­ra­to­quando, dopo la lau­rea in Eco­no­mia in Ita­lia e un dot­to­rato in Gran Bre­ta­gna, ho intra­preso la car­riera acca­de­mica. Ma i sogni son sempre tanti, ce li por­tiamo die­tro anche quando cam­biano, e contri­buis­cono a defi­nire chi siamo.

A che cosa ha rinun­ciato ?
Ogni giorno si fanno delle scelte e ogni scelta com­porta una rinun­cia. Rinun­ce­pic­cole o grandi, che pos­sono a dis­tanza di tempo pro­vo­care qualche ram­ma­rico. Ma in gene­rale, a scelta fatta, non tendo a vivere ciò che ‘non ho scelto’ come una rinuncia.

Da dove viene ?
Sono nata in Ita­lia, a Parma. Pic­cola città, inter­es­sante e piena di contrad­di­zioni. Ho però pas­sato la mag­gior parte della mia vita in Gran Bre­ta­gna dove ho sempre lavorato.

Quale à la prima imma­gine che ha col­pito le sue emo­zioni ?
È dif­fi­cile pen­sare ad una ‘prima’ imma­gine. Ho sempre avuto una forte memo­ria visiva e certe imma­gini (foto­gra­fie, qua­dri, pae­saggi) conti­nuano ad affio­rare anche a dis­tanza di decenni. Tra le prime imma­gini che mi si sono impresse nella memo­ria vi sono sicu­ra­mente le vec­chie foto­gra­fie di fami­glia. Una mia zia le col­le­zio­nava e faceva foto­gra­fie a tutti; io amavo scar­ta­bel­lare tra vec­chie sca­tole di foto­gra­fie di anti­chi parenti che non avrei mai potuto conos­cere. Guar­davo quei volti immor­ta­lati in attimi di gioia, dolore o spe­ranza e mi chie­devo cosa fosse rimasto delle loro vite.

Ha chi non ha mai osato scri­vere ?
Nel pri­vato, ho sempre cer­cato di affron­tare i dis­corsi, anche quelli sco­modi, di per­sona. Ho avuto spesso l’istinto di scri­vere a per­sone pub­bliche – poli­tici, scrit­tori – ma non l’ho mai fatto.

Lei può spie­gare la sua este­tica foto­gra­fica ?
Quando foto­grafo non credo di essere gui­data prin­ci­pal­mente da cri­teri este­tici. Certo, la com­po­si­zione, luci e ombre deter­mi­nano se una foto­gra­fia ‘fun­ziona’ o no –ma prin­ci­pal­mente sono impor­tanti per ciò che aiu­tano a tras­met­tere. Le mie inqua­dra­ture sono il mezzo col quale cerco di comu­ni­care il mio sen­tire un momento, un ambiente o una situa­zione. Mi piace cat­tu­rare il quo­ti­diano. La mia for­ma­zione nelle scienze sociali ha cer­ta­mente influen­zato alcuni miei inter­essi foto­gra­fici e forse anche il mio stile. Ma anche quando svi­luppo pro­getti che riflet­tono l’effetto di fat­tori eco­no­mici o norme sociali sulla nos­tra inter­azione con il nos­tro ambiente natu­rale e/o sociale, non seguo un approc­cio docu­men­ta­ris­tico. Mi attrae invece la poe­sia sot­tile di atmos­fere e sfu­ma­ture di vita che – attra­verso i fil­tri delle spe­ci­fi­cità di tempo e di luogo – rive­lano ten­sioni esis­ten­ziali e l’effimero della condi­zione umana. Credo tra l’altro che questa sia la ragione per cui pre­di­ligo il Bianco e Nero, che sug­ge­risce più di quanto non riveli.

Che cosa la contrad­dis­tingue dagli altri artisti ?
Mi consi­dero un’artista solo nella misura in cui esserlo signi­fica cer­care di espri­mere la pro­pria crea­ti­vità, e la foto­gra­fia per me ha questo ruolo. Foto­grafo in modo piut­tosto istin­tivo e non ricerco conscia­mente uno stile. In questo senso, le mie foto­gra­fie espri­mono il mio modo di inter­pre­tare ciò che vedo e sento quando guardo… nella consa­pe­vo­lezza che chi guar­derà quella foto in seguito potrebbe vederci qual­cosa di com­ple­ta­mente diverso. E, dopo tutto, credo sia pro­prio questo suo modo di tras­cen­dere ciò che vi è di ‘let­te­rale’ alle due estre­mità del pro­cesso crea­tivo che rende l’arte così affas­ci­nante e che dona uni­cità ad ogni espres­sione artistica.

Dove e come lavora ?
Vivo in cam­pa­gna, sulle prime col­line, e amo lavo­rare da casa, nel mio stu­dio con la fines­tra aperta o soc­chiusa. Quando foto­grafo, giro e cam­mino molto.
Qual è il libro che le pia­ce­rebbe rileg­gere? Un libro che mi fu rega­lato per il mio diciot­te­simo com­pleanno e che mi colpì mol­tis­simo è Teresa Batista Stanca di Guerra di Jorge Amado: mi sono sempre ripro­messa di rileg­gerlo – ne ho sia la ver­sione ita­liana sia quella inglese che rega­lai a mio marito – ma non l’ho ancora fatto, forse per timore che non mi sus­citi più le stesse reazioni.

Quando si guarda nello spec­chio chi vede ?
Non mi sono mai guar­data troppo allo spec­chio. E, così come per le per­sone, quando lo fac­cio, tendo a guar­dare gli occhi – e gli occhi che vedo mi sem­brano quelli di sempre…

Quali sono gli artisti a cui si sente più vicino ?
In foto­gra­fia, Tina Modotti, Mar­ga­ret Bourke-White, Ugo Mulas, Caio Mario Gar­rubba, Garry Wino­grand, Luigi Ghirri, ma anche Joseph Kou­delka, Gianni Berengo-Gardin, Ste­phen Shore, Daido Moriyama… molto diversi, mi hanno tutti dato qual­cosa di impor­tante che va ben oltre la fotografia.

Che cosa vor­rebbe rice­vere per il suo com­pleanno ?
Libri.

Che cosa difende ?
Valori (gius­ti­zia sociale, soli­da­rietà, pace, onestà intel­let­tuale) … e memo­ria storica.

Che cosa le ispira la frase di Lacan « Amore è dare qual­cosa che non si ha a chi non ne vuol sapere »?
A non fare pro­messe che non si pos­sono mantenere.

E che cosa pensa di questa frase di W. Allen: « la ris­posa è ;, ma qual era la domanda? »
Fuori contesto, mi fa pen­sare alla pro­pen­sione ad adat­tarsi senza pen­sare o ascoltare.

Quale domanda ho dimen­ti­cato ?
Nes­suna. Rin­gra­zio molto per l’opportunità offer­tami con questa intervista.

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