
Jean d’Aillon, La prophétesse voilée
Sorcellerie, meurtres diaboliques ?
Dans Paris devenue ville anglaise à la suite de guerres, de guerres civiles, de trahisons, de complots, de liens de parenté fort chargés en consanguinité, Jean d’Aillon développe les enquêtes d’Edward Holmes et Gower Watson, deux Anglais. Le premier est un clerc, le second est un ancien archer qui a pour maîtresse une belle dame dénommée Constance Bonacieux. Holmes a acquit une réputation d’enquêteur de talent et les autorités de la ville n’hésitent pas à le mobiliser.
Tout commence à partir de 1378 quand une gamine acquiert une réputation de voyance. À seize ans, elle tombe amoureuse et fait une fille, Anne Hennequin. Elle sera brûlée en 1391, le 19 août, en compagnie de sa belle-sœur.
Anne a huit ans et possède la capacité de devinance de sa génitrice. Elle se retrouve à la châtellenie de Jean des Roches où son père a obtenu une place de Cellérier. Jean des Roches épouse Catherine de l’Isle-Bouchard. Anne se fait remarquer par ses présentiments et, peu à peu, devient la chambrière de la chatelaine. Elle suit sa maîtresse lorsque celle-ci, devenue veuve, se marie avec Pierre de Giac, grand chambellan de Charles VII.
Catherine devient la maîtresse de Georges de la Trémoille, un conseiller du roi. Un complot amène à l’assassinat de Giac et Catherine épouse son amant. Mais tout bascule pour Anne quand le secret de sa voyance est dévoilé et que les Armagnacs veulent en faire usage contre les Bourguignons. En effet, elle a vu un homme éventrer une prostituée. Sa vision est concrétisée le lendemain. D’autres meurtres similaires se produisent qui amènent le prévôt de Paris à faire appel à Edward Holmes.
Les pistes se multiplient, les pièges se dressent et, si Edward ne veut pas se faire tuer, il va devoir redoubler d’astuce et d’ingéniosité…
Les intrigues de Jean d’Aillon s’appuient toujours sur des faits authentiques qu’il relève dans une documentation érudite et pléthorique. Il mêle avec soin, à ces personnages réels, les parcours et actions de ses protagonistes de fiction et donne une belle cohérence à ses récits. D’autant que, féru d’Histoire, il possède sur le bout des doigts les parentés, les liens entre les familles, entre les amis et les adversaires, les rapports entretenus entre coalisés et ennemis. Il nourrit ses récits de façon très dense, introduisant nombre de précisions érudites sur les ustensiles usuels, sur les lieux des actions.
Une fois encore, il signe une belle histoire riche en actions, en tension dans un cadre historique peu connu mais luxuriant en événements de toutes natures, le tout avec une galerie d’acteurs bien étoffée.
serge perraud
Jean d’Aillon, La prophétesse voilée, Éditions 10/18 n° 6035, coll. Polar, janvier 2025, 528 p. – 9,60 €.