
Giovanni Segantini, Lettere e scritti sull’arte
Giovanni Segantini est entré dans l’art quasiment par force tant ce fut sa nécessité, son besoin mais l’écriture lui permit déterminer le sens du mot Art : « au moins dans la partie qui me touche le plus, la peinture », précisa-t-il. Pour rassembler ses idées et ses intuitions sur l’art, il voulut la réaliser de manière complète et ordonnée. Certes, ces écrits ne voulaient pas avoir de caractère scientifique. Et les premiers titres de ses textes sont explicites : « Ainsi je pense et ressens la peinture » ou « Sentiment et nature ».
L’artiste dans ces textes témoigne de sa subjectivité absolue et empirique. Et d’ajouter : « un artiste naît et ne se fait pas » parce qu’il n’y a pas d’école qui puisse inoculer le germe de l’art. Pour lui et dans ce cas, l’écriture en revanche est devenue beaucoup plus complexe. Mais qu’importe : dans ces textes réunis, le peintre a patiemment défini son travail : la palette est la plus simple et, après avoir établi sur la toile les lignes « exprimant ma volonté idéale » (dit-il), il procède à la coloration…
Il rappelle aussi que sa peinture est, tout d’abord, plausible mais pas tout à fait réaliste. Il a déduit que la beauté dans la nature existe mais est liée à sa capacité spirituelle. Ainsi, son œuvre est une interprétation de la nature, elle contient des éléments spirituels. Le peintre les reproduit avec sentiment et noblesse des formes en s’éloignant de la perception vulgaire.
Néanmoins, il n’a certainement pas échappé à la reconnaissance, à tel point que son isolement « logistique » ne lui a pas valu une inattention particulière de la part de ses collègues ou de ses critiques. Son nom apparaît encore parfois dans des expositions internationales et ses peintures sont de plus en plus recherchées par les collectionneurs. Le succès de Segantini est attribuable à sa technique de peinture innovante, avec laquelle il a patiemment et méticuleusement placé ses pensées sur la toile, ainsi que sur les couleurs : une par une, fil par fil.
Toutefois, en un certain vitalisme sa peinture se rapproche surtout du symbolisme. D’où les sentiments partagés qu’éprouve son œuvre loin, il est vrai, du fait que dès le début du XXème siècle la peinture italienne allait déplacer tant de lignes.
iean-paul gavard-perret
Giovanni Segantini, Lettere e scritti sull’arte, a cura di Lorella Giuidici, 2025, La Feltrinelli, 140 p. – 12,00.€