
Autant en emporte le taon
(Où file la nature ?)
De ton geste destructeur, ton taon est soumis à l’épuration lexicale. Désormais méconnu, il est abstrait même s’il fut le plaisantin agaçant les vaches et leurs fermières. Il ne résonne plus de manière forte et essentielle.
Dans un geste à la fois ample et précis, ne renonçant à aucune complexité, tu l’as écrasé. Te voici interdit d’une certaine idée de la musique te contraignant à une esthétisation moins élitiste que délétère. T’étant employé de ta minutie et de ta rigueur, désormais nous apprécions poétiquement des douzaines de verres libres relevant de la table pour les offrir à divers types vains, des plus douteux (picrates piquants au demeurant).
Certes, en ses tentations, le taon conduisait au crime, au meurtre à dose très homéopathiques. Mais personne ne se formalise de leur rien. Il perd sa majuscule et reste jeté même de la communauté des mouches « musicantes » – à entendre à l’oreille ou à l’oubli, D’elles aussi, il n’y en a plus guère (sauf en Ukraine) puisque tu feulas la légendes de celui qui se voulut tigre sans montrer ses dents.
A sa césure aérienne ne reste que le fantôme des saisons d’été et de printemps, car avant ou après il se cachait du gel. De ton plat de la main ou à tâtons, il a donc disparu. Ton travail est achevé : Gloire aux vaches, chevaux et leurs fous alliés. Mais la nature semble avoir horreur du « vide » (en latin « vois »). Haro sur tant d’intrépides. Dois-tu recommencer si le taon te tente ?
jean-paul gavard-perret
Photo Phlippe Airaud