
Anna Bambou, Exposition
Présences sensuelles, hallucinations presque (le presque est important) palpables dans leurs tons de suie et dans le halètement du noir et blanc et leurs vibrations, ombres proches mais inaccessibles ébranlent le regard dans la quête d’Anna Bambou (née de la rencontre entre : Sabrina (photographe et réalisatrice) et Marianne (réalisatrice, conceptrice de projet) pour une impossible traque qui prépare à d’autres naufrages ou d’autres apparitions.
Restent des rehauts sur le silence : ils entraînent à nouveau la photographie dans l’inconnu(e) entre le vide et l’évidence, la quête de trace et leurs métamorphoses sous formes de tableaux vivants et des parcelles chargées de mystères et d’émotions.
Immobilité pense-t-on d’abord, mais la résultante de tous les dépôts venant nourrir le regard de vagues successives crée une suspension, un point d’équilibre entre le temps qui aura mûri la lente méditation d’Anna Bambou, qui distille divers types d’évocations en un glissement progressif vers un centre qui échappe en dépit d’un lent travail obsessionnel d’approches et de révisions. Mais il s’agit de dégager des constantes, de laisser des traces lisibles. Le corps s’ouvre et se referme. D’autres paupières se soulèvent dans la mémoire, ouvrant au « blêmissement ». Limbes d’un corps qui cherche celui qui a disparu.
Le corps s’expose comme énigme. Se montre, se cache, pense. Se pense. Pulsation lourde qui restera ce qui sourd du plus profond mangé d’ombres qui s’éclairent loin des mots pour ce qui, en conséquence, n’a pas de nom.
jean-paul gavard-perret
Anna Bambou, Exposition, Corridor Elephant, Paris, novembre-décembre 2016.