De délectables facéties irrévérencieuses
Une musique baroque distillée doucement en arrière-plan installe une ambiance un peu solennelle devant la scène semblant voilée par des paravents. Un soupir, une voix plaintive ouvrent le spectacle. Les habits surabondants, débridés façon patchwork, les perruques, les rideaux séparant les espaces, tout semble concourir à mettre à distance l’histoire farcesque du malade obtus.
La figure tutélaire du père (Argan, Molière) trône un long moment en haut des gradins, dans le public, pour mieux finir par vitupérer ses imprécations définitives. Une femme raconte son enfance, passée dans la famille Béjart. C’est une succession de souvenirs, le récit poignant d’une renonciation viscérale au théâtre. Ce serait la fille de Molière, née du mariage avec Armande, hypothétiquement née de Molière lui-même.
Le texte de Giovanni Macchia donne à la dernière pièce de Molière une profondeur indéniable. Arthur Nauzyciel présente un spectacle facétieux : il joue avec le parrain du théâtre français, s’amuse avec son passé (c’est le premier spectacle qu’il a monté, en 1999), associe à sa démarche de jeunes acteurs. Les prestations scéniques se montrent vite échevelées : dans une présentation classique, les comédiens accomplissent des performances dignes des investigations contemporaines : tombant leur chevelure, changeant de ton, ridiculisant leur propos ou, inversement, en investissant foncièrement le sens.
On assiste même à une scène de mime loufoque : à partir de quelques gestes, tout y passe (ping-pong, kata, breakdance). C’est donc une représentation qui réussit la prouesse de se montrer à la fois novatrice et classique, fidèle au texte, tout autant qu’irrespectueuse par son incise dramatique et son jeu débridé.
christophe giolito
Le malade imaginaire ou Le silence de Molière
d’après la pièce Le Malade imaginaire de Molière
et le livre Il Silenzio di Molière de Giovanni Macchia
Mise en scène et adaptation Arthur Nauzyciel
Avec Hinda Abdelaoui, Aymen Bouchou, Valentin Clabault, Maxime Crochard, Arthur Nauzyciel,
Laurent Poitrenaux, Arthur Rémi, Raphaëlle Rousseau, Salomé Scotto, Catherine Vuillez.
Assistanat à la mise en scène Raphaël Haberberg, Théo Haugebaert ; scénographie Claude Chestier ; costumes Claude Chestier, Pascale Robin ; lumières Marie-Christine Soma ; création sonore Xavier Jacquot.
Au Théâtre Nanterre-Amandiers, Nanterre, du 26 janvier au 9 février 2024, les mardis et mercredis à 19h30, les jeudis et vendredis à 20h30, le samedi à 18h, le dimanche à 15h.
Spectacle créé au Théâtre National de Bretagne, Rennes le 3 mai 2023.
Tournée :
Au Théâtre National de Bretagne, Rennes, du 3 au 16 mai 2023 ; au Foirail, Pau, les 13 et 14 décembre 2023, à la Comédie de Reims, Reims, du 17 au 19 janvier 2024 ; au Théâtre Nanterre-Amandiers, Nanterre, du 26 janvier au 10 février 2024 ; à la Maison de la Culture, Bourges, le 21 février 2024, à la Comédie de Caen, Caen, les 13 et 14 mars 2024 ; aux Points Communs, Cergy, les 3 et 4 avril 2024 ; au Bateau Feu, Dunkerque, les 11 et 12 avril 2024 ; à La Villette, Paris, du 24 au 27 avril 2024.
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A vous lire. Amitiyés C.K
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