Éric Warnauts & Guy Raives, Congo Blanc

Le puis­sant attrait de l’Afrique !

Cet album regroupe trois his­toires qui ont pour cadre le Congo quand la Bel­gique en assu­rait la gou­ver­nance et la ges­tion. Deux de ces récits, Congo 40 et Congo Blanc, sont parus dans À Suivre, la mythique revue des Edi­tions Cas­ter­man qui comp­tait dans ses pages Tardi, Comès, Pratt… Fleurs d’Ébène est publié en album en 2007.

Congo 40
Dans les alpes fran­çaises, en 1935, Vincent Deville, un gigolo, fait la connais­sance d’un plan­teur et de Lau­rence, une ado­les­cente fron­deuse. En 1942, Vincent, qui a rejoint le plan­teur au Congo, revient d’une expé­di­tion. Il assiste au retour de Lau­rence, une arri­vée qui trouble la vie de la petite com­mu­nauté. En effet, sa pré­sence ravive le sou­ve­nir d’événements tra­giques. C’est à la suite d’une par­tie de cartes que Vincent emprun­tera un che­min vers la vérité. Mais, est-ce une réa­lité ?
Un récit enfié­vré où la pas­sion s’exaspère, ce qui avait amené la pré­sen­ta­tion de la pre­mière par­tie, dans À Suivre, comme le roman chaud de l’été 87.

Fleurs d’ébène se déroule en 1958 dans le Congo Belge, à la veille de l’indépendance. Dans un cli­mat de ten­sions, d’agitations poli­tiques et sociales, Jean, fonc­tion­naire de police, s’efforce de faire la lumière sur le décès sus­pect d’un Noir. Les auto­ri­tés penchent pour un acci­dent alors que Jean est per­suadé du contraire. Mais il a du mal à se mobi­li­ser, démo­ra­lisé par le départ sou­dain de son épouse et de ses deux filles.
L’affaire se com­plique lorsqu’on découvre l’identité du défunt : un acti­viste poli­tique bien connu, dont la mort sou­daine risque de ravi­ver la guerre tri­bale latente entre deux eth­nies concur­rentes. Bien oppor­tu­né­ment, le rap­port d’autopsie dis­pa­raît, de même que tous les témoins de l’accident…

Congo Blanc est la pre­mière his­toire de l’album Équa­to­riales. Elle se déroule lors de l’indépendance de 1960 où un couple est en crise. Elle veut par­tir, il veut res­ter près de sa maî­tresse noire…

Avec ces trois récits, les auteurs font plon­ger le lec­teur dans la vie des colo­niaux d’un chef-lieu, avec une belle repré­sen­ta­tion de l’époque, de l’état d’esprit qui régnait entre la rési­dence de l’Administrateur, le carré euro­péen, le cam­pe­ment mili­taire et le vil­lage indi­gène, à l’écart, en Pisé.

Les Édi­tions Daniel Magnen pro­pose un album de qua­lité car, outre les récits attrac­tifs enca­drés par des aqua­relles magni­fiques, la pré­sen­ta­tion est très soi­gnée. Une res­tau­ra­tion totale a été réa­li­sée avec les cou­leurs ori­gi­nales, de nou­veaux let­trages, un cahier gra­phique inédit. La cou­ver­ture à rabats illus­trés, le pre­mier et qua­trième plats se déplient pour for­mer une seule illus­tra­tion. Le gra­phisme aux cou­leurs chaudes donne à ce récit une puis­sance émo­tion­nelle, sen­suelle remarquable.

Cette inté­grale, qui réunit trois récits docu­men­tés à l’atmosphère envou­tante, est une réus­site à tous les niveaux.

serge per­raud

Éric War­nauts & Guy Raives (scé­na­rio, des­sin et cou­leur), Congo Blanc, Édi­tions Daniel Maghen, février 2024, 192 p. — 35,00 €.

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