Robert Pinget, Le Chrysanthème

Dans la pièce radio­pho­nique de Pin­get réédi­tée par les édi­tions Zoé, « Le Chry­san­thème » n’est plus la fleur trop triste fos­soyeuse des morts. Son obs­cé­nité végé­tale unit autant qu’elle sépare. Il faut se pré­oc­cu­per de la tenir sale­ment dans nos propres bras en igno­rant quelle pour­rait être — à tra­vers elle — notre prière ni pour qui, ni pour­quoi. Fleur reve­nant de la fin, elle reste inta­ris­sa­ble­ment ouverte. Le monde y demeure vivant, fait mine sinon de souf­fler comme un dieu du moins de jouer le coq hardi. Il remue en crawl son crou­pion au-delà des tas de fumier des futurs par­tants pour l’au-delà.

Dans sa comique nudité, l’existence semble épa­tante. Mais Pin­get rap­pelle qu’il ne faut pas trop se fier aux appâts rances. Fleur au fusil, la bar­ba­rie lar­vée y tient lieu d’existence. Et l’homme ne cesse pour en humer le par­fum d’y four­rer en porc peu épique son museau, sa truffe, son groin. Cochon qui s’en dédit. De son trou d’âge, il y va encore du pis­ton et des phal­liques auber­gines. Bref, il secoue sa bar­baque. Avant d’entrer dans sa fosse com­mune, il mouille sur la dalle de celles des autres les chry­san­thèmes en l’eau de là.

jean-paul gavard-perret

Robert Pin­get, Le Chry­san­thème, Edi­tions Zoé, Genève, 2013.

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