C’est en 1968 qu’Helena, à l’âge de huit ans, découvre la Grèce en se rendant chez ses grands-parents. Elle est conquise par la vue sur le Parthénon, depuis le grand balcon de l’appartement. Si elle est câlinée par sa grand-mère, l’accueil de son grand-père est glacial surtout quand il découvre qu’elle est rousse avec des yeux verts. Mary, sa mère, a fui sa famille et s’est réfugiée en, Angleterre. Elle a épousé Hamish, un Écossais et ne veut pas retourner dans son pays natal.
Pendant quelques années Helena passe des vacances en Grèce et se familiarise avec la langue, sa civilisation. C’est après le décès de sa grand-mère qu’elle retourne avec ses parents et participe à un périple avec eux pour finir par apprendre une terrible nouvelle. Elle fait ses études de chimie à Oxford et retrouve le pays de façon inattendue. Lors d’une représentation théâtrale de fin d’études, par des étudiants de l’université, elle rencontre Nick qui fait battre son cœur. Ils se revoient mais les études finies, elle rentre chez elle. C’est là que Nick l’appelle et lui demande de le rejoindre pour des fouilles archéologiques sur l’île de Nisos.
C’est dans cet environnement qu’elle va prendre conscience de ses véritables racines et décide de lutter contre le fléau des œuvres volées quand…
Les différents séjours d’Helena donnent à la romancière la possibilité de raconter la société grecque sous deux régimes politiques. En 1968, c’est la dictature dite des Colonels, commencée en avril 67 pour se terminer en juillet 74. Il est suivi par le retour de l’ex-premier ministre qui instaure un régime plus démocratique. L’héroïne raconte l’incidence sur le quotidien des populations d’abord à travers les yeux d’une petite fille, puis ceux d’une jeune femme. C’est aussi la description d’un pays, de sa nature, de son histoire, de sa culture multimillénaire.
Mais elle raconte aussi la vie d’Helena, ses rapports avec ses parents, apprend les raison de la fuite de sa mère. C’est en découvrant l’amour et l’amitié qu’elle prend conscience des trafics d’antiquités, le pillage des œuvres pour enrichir des musées, certes, mais surtout pour satisfaire des amoureux fortunés de telles reliques ou des spéculateurs, la pire engeance de l’humanité.
Victoria Hislop dévoile un nouveau pan de l’histoire de la Grèce, un pays si attachant malgré quelques imperfections comme l’abandon de plus en plus important de la cuisine traditionnelle au profit des hamburgers, une présence religieuse trop pesante pour l’économie.
Elle brosse une belle histoire de famille, la transmission d’un héritage pris dans les deux sens principaux du terme. Avec une écriture fluide, colorée, avec des apports historiques et archéologiques, La statuette se lit avec un grand plaisir, un si grand plaisir qui donne une forte envie de se rendre sur les lieux.
serge perraud
Victoria Hislop, La Statuette (The Figurine), traduit de l’anglais (Royaume-Uni), par Alice Delarbre, Les Escales, octobre 2023, 496 p. — 23,00 €.