Serge Lehman & Frederik Peeters, Saint-Elme — t.05 : “Les Thermopyles”

Vers une conclu­sion apocalyptique

Sur une idée rela­ti­ve­ment simple comme la prise de contrôle d’un ter­ri­toire, les auteurs déroulent une superbe série de cinq tomes. Mariant avec maes­tria les méthodes habi­tuelles des mafias, une enquête menée par des détec­tives pug­naces, l’emprise des réseaux de tra­fics de drogues et une bonne pin­cée de fan­tas­tique, les auteurs signent un récit déto­nant et addictif.

La recherche d’un indi­vidu dis­paru de chez lui va ame­ner les frères San­garé, Franck et Phi­lippe, des détec­tives, à se confron­ter à une vaste affaire mafieuse menée par la famille Sax.

Romane Mer­tens et Paco, un ber­ger, sont dans la mai­son de Simon où ils ont trouvé Katyé, une petite fille mise à l’abri dans les lieux. Elle porte, dans le dos, un étrange tatouage.
Paco a peur de s’engager sen­ti­men­ta­le­ment avec Romane car il craint d’être vic­time d’une malédiction.

À l’auberge de La Vache Brû­lée, autour du père de Romane qui voit son épouse, Hélène, tuée il y a quelques années, les prin­ci­paux oppo­sants aux Sax sont réunis. Et sou­dain, Franck voit appa­raître Hélène. Elle révèle avoir été assas­si­née par les hommes de Gre­gor Mazur. En tant que juge d’instruction, une de ses enquêtes l’a menée vers l’oligarque. Ils décident de se rendre au cha­let, retrou­ver Romane et par­ler à la gamine.
Paral­lè­le­ment, Gre­gor Mazur orga­nise, avec les enfants de Sax, l’extension de son emprise sur la ville ther­male. Apres l’enterrement de Roland Sax, ils sont intri­gués par une che­mi­née qui fume, par une fenêtre éclai­rée dans le cha­let de Simon. Mazur ras­semble ses sbires et ils partent pour com­prendre qui occupe les lieux. La bataille est inévitable…

Le duo d’auteurs, avec L’homme gri­bouillé (Del­court – 2018), a déjà à son actif un album remar­quable. Il réci­dive et donne une his­toire hors du temps, aux dis­po­si­tions uni­ver­selles où se jouent les prin­ci­paux moteurs de l’action humaine, le goût du pou­voir, celui de l’argent, mais aussi l’amour qui triomphe, le désir et le besoin de jus­tice. Le titre de ce cin­quième tome est un joli clin d’œil.
Le tome cinq, celui de l’explication finale, met face à face un oli­garque prêt à tout pour atteindre son but et des per­sonnes déter­mi­nées à faire régner un juste équi­libre social.

Serge Leh­man met en scène une bataille, qui va occu­per une belle par­tie de l’album, avec tant de rebon­dis­se­ments. Et il conclut son récit don­nant toutes les réponses aux mul­tiples ques­tions sou­le­vées aux cours des quatre tomes pré­cé­dents. Il apporte les expli­ca­tions aux mul­tiples impli­ca­tions de l’intrigue.
Le gra­phisme de Fre­de­rik Pee­ters apporte un ton très par­ti­cu­lier à ce récit avec les décors de cette ville qui est une syn­thèse de tout ce qui entoure le des­si­na­teur gene­vois. Son trait tonique, appuyé, le dyna­misme qui sourd de cha­cune des vignettes, sa mise en page aux cadrages ser­rés concourent à un sen­ti­ment peu com­mun face à ces planches très inno­vantes. Il fait vivre, et mou­rir, des pro­ta­go­nistes ori­gi­naux, une gale­rie sin­gu­lière confron­tée à des touches de fan­tas­tique fort réussies.

Saint-Elme se lit avec un vif inté­rêt pour les inter­con­nexions sub­tiles, les res­sorts d’une l’intrigue ten­due, le tout porté par un des­sin dyna­mique et une mise en cou­leurs aux teintes fortes.

serge per­raud

Serge Leh­man (sce­na­rio) & Fre­de­rik Pee­ters (des­sin et cou­leur), Saint-Elme — t.05 : Les Ther­mo­pyles, Del­court, coll. “Machi­na­tion”, jan­vier 2024, 88 p. — 16,95 €.

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