Si le mot “occupation” nous renvoie à nos malheurs de la Seconde Guerre mondiale, il a tendance aussi à nous faire oublier, à nous Français, que nous avons été des occupants. Bien des capitales européennes sont tombées entre nos mains, notamment pendant l’épopée napoléonienne.
Et c’est tout le mérite de la série de livres, lancée par les éditions Passés/Composés avec Vincent Haegele comme maître d’œuvre, de nous le rappeler.
C’est avec Vienne, cité impériale, devenue le cœur du système des Habsbourg que s’ouvre ce vaste récit. L’une de ses qualités consiste à analyser la période du Premier Empire à travers le prisme des vaincus, et non avec un regard franco-français, d’autant plus, que Vincent Haegele ne se limite pas aux hautes sphères politiques, autour de l’Empereur François II, mais nous entraîne dans les diverses strates de la société viennoise qui ont dû composer avec l’occupation française.
Car il s’agissait bien d’une occupation réalisée dans le cadre de la campagne de 1805 auréolée de la victoire d’Austerlitz. Une occupation avec toutes les conséquences possibles, chacune étant décryptée par l’auteur: l’évacuation de la capitale par son élite politique, l’installation des vainqueurs dans les palais abandonnés, l’approvisionnement de la cité déjà très peuplée, le maintien de l’ordre, les actes de résistance, l’attitude des soldats français à l’égard des Viennois, et des Viennoises, les sanctions contre les exactions, la gestion des informations et des rumeurs.
Rien ne semble manquer à cette étude très précise., pas même les conséquences sur le moyen terme de l’occupation de Vienne, à savoir la dissolution du Saint-Empire romain germanique.
Un livre orignal et dense en somme.
frederic le moal
Vincent Haegele, Vienne sous le soleil d’Austerlitz, Passés/Composés, janvier 2024, 268 p. — 21,00 €.