Carmen Pennarum et les relevées indiciaires
Partant de nos ancêtres les plus reculés, Carmen Pennarum rejoint l’angoisse qui la “tenait au bord du vide / où ne cessaient d’être attirés / ceux qui m’enjôlaient d’amour”. Une certaine déréliction demeure avec pour tout viatique, en lieu et place des seules amours, la famille et le travail.
Ses pas épousent encore le pays breton où il lui fallut se frayer son chemin en remontant jusqu’à la source du temps autant dans une quête intérieure que parmi schistes et grès.
D’où ce mélange où, parfois encore jeune fille, l’auteure cherchait déjà la trace de ses enfants qui n’étaient pas encore nés : “Demoiselle, il aurait suffi de remonter tes / jupes et l’accord charnel aurait été scellé, / mais la crainte de te voir transformée en / roche, comme ces jeunes filles pétrifiées au /retour d’une fête païenne, t’en a dissuadée.”
Néanmoins, de cette double fouille près aussi de la mer surgit un lamento discrètement lyrique. Celle d’une voix que peu de conscients entendent même s’il existe désormais des sourciers.
Mais si “écrire est un cataclysme / on n’en sort jamais indemne”, toutefois le chant que Carmen Pennarum crée est bien plus que celui des sirènes. Elle ouvre à l’existence tant que faire se peut.
jean-paul gavard-perret
Carmen Penarum, Tumulus, Bleu d’Encre Editions, 2023, 190 p. –18,00 €.