Jean-Charles Gaudin & Steven Lejeune, Au nom du pain — t.02 : “Marie”

Une saga fami­liale dans un conflit mondial

Dans le vil­lage côtier de Saint-Jean, les Durand et les Mar­ti­neau, deux familles de bou­lan­gers, se font concur­rence. Et celle-ci conti­nue pen­dant l’occupation par les Alle­mands. Mar­gue­rite Mar­ti­neau, aidée de ses jumeaux Mar­ce­lin et Monique, conti­nue de tenir la bou­lan­ge­rie même après la mort de son époux au com­bat. Madame Durand, aidée de Marie, sa fille, assure la fabri­ca­tion du pain bien que son mari soit pri­son­nier.
Avec son fils Mar­ce­lin, Mar­gue­rite a mis au point un sys­tème pour trans­mettre les mes­sages de la Résis­tance. Ils cachent ceux-ci dans des pains. La dis­pa­ri­tion du lieu­te­nant Feld­berg, qui fré­quen­tait assi­du­ment la bou­lan­ge­rie Mar­ti­neau amène l’arrivé de Haur­mann, un offi­cier sans états d’âme. Le corps du lieu­te­nant est vite retrouvé et Haur­mann veut trou­ver le tueur. Il va mettre en œuvre tous les moyens, mêmes les plus bas pour par­ve­nir à ses fins…

Si dans le pre­mier tome de cette tri­lo­gie les cadres de l’intrigue se sont mis en place, que la ten­sion a été ins­tal­lée, ce second volet place la barre bien plus haute. Les occu­pants ins­tallent un cli­mat de ter­reur jouant sur les peurs, sur les rap­ports entre les habi­tants. Le nou­veau lieu­te­nant com­prend vite la situa­tion et uti­lise les moyens expé­di­tifs com­muns, la prise d’otages et la menace de les exé­cu­ter, la connais­sance des ami­tiés, amours, inimi­tés qui lient des pro­ta­go­nistes afin de jouer avec eux.
L’auteur intro­duit des sous-intrigues, des dimen­sions nou­velles avec les élans du cœur quand il fait se ren­con­trer Mar­ce­lin et Marie. Il déve­loppe des rap­ports mon­trant que la vie conti­nue même dans les cir­cons­tances dif­fi­ciles. C’est un récit qui joue beau­coup sur les rela­tions entre les êtres, ceux qui rap­prochent, ceux qui por­tentà la haine, au goût pour le pou­voir, à la ven­geance. Il fait une place aux mou­ve­ments de la Résis­tance et à leurs actions.

Des séquences plus légères offrent une res­pi­ra­tion comme lorsque le scé­na­riste donne une recette pour conser­ver des œufs plus long­temps, l’art et la manière de conti­nuer à faire du pain quand les matières pre­mières tra­di­tion­nelles manquent.
Il faut noter un léger pro­blème pour ceux qui n’auraient pas connais­sance de la langue alle­mande. En effet, nombre de bulles ne sont pas tra­duites même si on peut en sai­sir le sens.

Steven Lejeune au des­sin et Bur­gaz­zoli Cabrera à la cou­leur mettent en images ce récit, cette his­toire dans l’Histoire. Le des­sin clas­sique pose des per­son­nages bien iden­ti­fiables au fil des planches. La mise en pages pri­vi­lé­gie les plans rap­pro­chés, les por­traits expres­sifs. Les décors prin­ci­paux sont ceux d’intérieurs.
La mise en cou­leurs res­ti­tue l’atmosphère pesante, lourde, celle qui plom­bait la vie des habi­tants à cette époque.

Un second tome sédui­sant autour d’un pro­duit basique de la vie quo­ti­dienne, avec une intrigue qui s’intensifie de page en page, qui met en scène les prin­ci­pales com­po­santes d’une société humaine.

serge per­raud

Jean-Charles Gau­din (scé­na­rio), Ste­ven Lejeune (des­sin) & Bur­gaz­zoli Cabrera (cou­leurs), Au nom du pain — t.02 : Marie, Glé­nat, coll. “24x32”, sep­tembre 2023, 56 p. — 14,95 €.

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