On pouvait dire que c’était écrit d’avance. Mais l’héroïne Camille ne pouvait le deviner. Au décès dévastateur de son grand frère, l’arrivée d’un cousin lointain lui redonne des raisons de vivre et d’espérer. Elle n’a que onze ans et lui 23 ans : le piège est en place, il n’a plus qu’à se refermer. D’autant que tout commence par des jeux innocents mais très vite ils tournent au marivaudage où forcément des jeux de séduction s’induisent. Mais au romantisme de l’enfant fait place le viol de l’adulte et ce, pendant pus de trois ans.
Michèle Aubrière a trouvé les mots pour créer la puissance de ce roman qui n’en est pas un. L’auteure à tout mis d’elle mais il lui a fallu du temps pour pouvoir pénétrer les processus de dégradation face à l’addiction sexuelle de celui dont elle assura si l’on peut dire le gîte, le couvert et assure même le nettoyage de ses méfaits.
Car tout ne peut avoir lieu que dans le silence. Il assassine autant que la mort et le viol. Et tout concorde à ce qu’il perdure — chacun y trouvant son compte sauf celle qui pourtant y est réduite.
L’auteure est indubitablement une écrivaine. Son écriture est confondante de justesse et de vérité dans cette bascule existentielle. Prenant un parti pris béhaviouriste, elle crée une percée dans la psyché des personnages selon un processus littéraire d’ouverture sur un système de préhension de de clôture.
Cela devient un film lent où tout le monde se mure dans le silence, un film d’action où tout demeure caché. Mais dans tous les cas, c’est le mâle qui commande. De la femme, il obtient ce qu’il veut. Et la femme répond, prise dans la quadrature d’un enfer sans fin. Il y eut ainsi pour la femme l’amour qui fascine et pour l’homme le désir qui la tue.
jean-paul gavard-perret
Michèle Aubrière, Le Cousin, Editions des Femmes — Antoinette Fouque, 2024, 128 p. — 13,00 €.