Christian Rossi, Golden West

Une ode à un peuple et à la nature!

Chris­tian Rossi a tou­jours été admi­ra­tif des civi­li­sa­tions amé­rin­diennes pour leur orga­ni­sa­tion, leurs capa­ci­tés d’adaptation à des condi­tions phy­siques dif­fi­ciles dans des zones déser­tiques. Il est aussi fas­ciné par les pay­sages de ces régions, ce spec­tacle qu’offre une nature exceptionnelle.

Parce que Woan, un jeune Apache, est jugé res­pon­sable de la mort de son cama­rade, d’avoir libéré les esprits des terres infé­rieures, la tribu doit trou­ver un autre lieu. Il est aban­donné. Il va gran­dir, affron­tant seul les élé­ments, les dan­gers natu­rels et humains. C’est avec Lozen, une indomp­table guer­rière Chi­henne, qu’il va faire sa pre­mière ren­contre en l’aidant à vaincre trois cra­pules.
Un guer­rier apache se venge du mas­sacre de toute sa famille, et de dizaines d’autres, par des Mexi­cains. Lorsqu’il attaque le vil­lage où sont réunis, pour une fête reli­gieuse, les tueurs, ils scandent Santo Jeró­nimo. Il prend alors le nom de Geronimo.

Chris­tian Rossi raconte ces deux par­cours qui vont se com­bi­ner. C’est le récit des com­bats, des cam­pagnes contre l’armée des États-Unis, les Mexi­cains et les colons, pour ten­ter de frei­ner la conquête des ter­ri­toires de leurs ancêtres par des enva­his­seurs, des des­truc­teurs, des tueurs pra­ti­quant le géno­cide d’un peuple. Il dresse le por­trait de deux hommes qui vivent inten­sé­ment une forte spi­ri­tua­lité. C’est la rela­tion d’un par­cours ini­tia­tique pour répa­rer, avec une rigueur morale, les torts cau­sés.
C’est le dévoue­ment à une com­mu­nauté et le récit d’exploits per­son­nels. C’est aussi une par­tie de l’histoire de cette région, la dis­pa­ri­tion pro­gram­mée et le mas­sacre métho­dique des Apaches, une réa­lité bien éloi­gnée des récits glo­rieux véhi­cu­lés tant et plus par les ténors de la grande Amé­rique ou par les légendes hol­ly­woo­diennes. Il montre les inter­ac­tions entre la nature, les croyances, une spi­ri­tua­lité et sur­tout la pré­pon­dé­rance du groupe par rap­port à l’individu. C’est ainsi qu’il laisse appa­raître les pou­voirs du cha­man qu’est Gero­nimo, celui-ci sem­blant pos­sé­der une pres­cience des événements.

Avec un des­sin pré­cis, un trait qui révèle les détails, l’auteur met en images cette épo­pée d’une façon unique. Ses per­son­nages réa­listes sont tou­jours par­fai­te­ment iden­ti­fiables. Il donne des décors d’une beauté épous­tou­flante. Il pose des ambiances colo­rées dif­fé­rentes selon l’avancement des séquences, pour signi­fier le pas­sage du temps car celles-ci évo­luent for­te­ment avec le pas­sage des heures. Son tra­vail docu­men­taire res­ti­tue la réa­lité.
Un album qui retrace toute l’authenticité d’une époque, qui assène la mesure véri­table d’une par­tie de l’histoire de ce pays. Chris­tian Rossi offre une ode au peuple apache, impres­sion­nante de vérité.

serge per­raud

Chris­tian Rossi (scé­na­rio, des­sin et cou­leurs), Gol­den West, Cas­ter­man, octobre 2023, 168 p. — 34,90 €.

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Filed under Bande dessinée, Beaux livres, Chapeau bas

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