La cruelle belle de cas d’Ys
Philippe Le Guillou est né en 1959 dans le Finistère. Écrivain et critique littéraire, il a publié plus de quarante ouvrages, la plupart chez Gallimard. Il préside le Centre de l’imaginaire Arthurien. Des légendes maritimes qui, sur les terres bretonnes, marquèrent chaque génération, Philippe Guillou retient celle de la cité flottante d’Ys et ce, au nom d’un principe premier : « C’est en moi et c’est en Bretagne que j’écris. Je ne suis jamais coupé de cet univers. »
L’auteur, enfant de la région, pénètre l’histoire « de cet hérissement de verre et d’acier, construit sous le règne de Gradlon, roi d’Armorique et de Cornouaille ». Il se retrouve, ici, bercé par le christianisme celtique, le mystère des cultes anciens et les landes bretonne. Il déblaie les origines de cette mythologie et dévoile, un fragment après l’autre, sa grandeur et sa chute.
Sous la gouvernance de Dahut, princesse maudite et cruelle, assoiffée de plaisirs charnels, Ys est voué à disparaître sous les vagues furieuses : druides, fêtards, chevaux, palais, églises, chênes et saules sont promis au ventre de l’océan. L’auteur exalte la folie de ce conte, obscure et irradiante, qui pose la question de la limite : à quel moment les écarts ne sont-ils plus supportables ?
Le Guillou afin d’y parvenir privilégie l’émotion. Elle est parfois débridée, parfois plus recueillie, quasi fervente. Cela, pour rappeler que les vies sont comme les mythologies : elles ne sont pas vécues pour rien, malgré les aléas, les souffrances, la noirceur des l’existence.
Dans les unes et les autres, nous jouxtons d’un vertige personnel et collectif.
jean-paul gavard-perret
Philippe Le Guillou, La cité des flots, Illustrations de Loïc Le Groumellec, Fata Morgana, Fontfroide le Haut, 2024, 120 p. – 21,00 €.
