Une comédie humaine dans une saga animalière
Kenneth Clarke, qui a embauché Blacksad comme garde du corps, a été jeté sous une rame du métro newyorkais. Le détective veut découvrir les raisons de ce meurtre et le commanditaire.
C’est en creusant pour les fondations de l’Iris Allen Theater qu’un squelette est mis au jour. La reconstitution permet d’identifier le mari d’Iris., elle-même assassinée récemment.
Au commissariat, Weekly, le journaliste ami de Blacksad, accusé du meurtre d’Iris, est formellement reconnu par des témoins. Celui-ci se défend clamant qu’il a été piégé par Solomon, ce bâtisseur mégalomane qui rêve de laisser son nom à la ville et fait construire un pont gigantesque.
Blacksad renoue avec Alma qui est revenue prendre la direction de l’école de danse à la place d’Iris. Il recherche Rachel qui pourrait, selon lui, innocenter son ami. Mais elle n’a plus de contacts avec elle.
Ses investigations le mènent vers Shelby, le Goéland, l’âme damnée de Solomon…
Il n’a fallu que deux ans pour conclure ce diptyque. Les auteurs ont sans doute eu pitié de leurs lecteurs. Mais la qualité d’une série n’est pas proportionnelle au nombre de tomes. Avec sept titres en vingt-trois ans, ce sont plus de deux millions quatre-cent mille exemplaires qui ont été achetés.
Il est vrai que ce personnage est particulièrement attachant. Ses créateurs n’ont pas voulu faire de Blacksad un superhéros mais un individu très proche du pékin moyen, doté d’une personnalité crédible. C’est également le cas des principaux protagonistes qui l’entourent. Et il a droit à son lot d’infortunes. Ainsi, il lui semble tout rater, son client meurt sous ses yeux, il apprend le mariage d’Alma, son amour secret, son ami est accusé de meurtre et incarcéré…
Si le premier tome montrait essentiellement le New York des hauteurs, des gratte-ciels, des politiciens au sommet, dans celui-ci le choix s’est porté sur la ville souterraine, les milieux modestes, la pauvreté physique et morale, la mafia, les syndicats.
Le récit emprunte aussi bien à la forme de roman noir qui faisait les belles lectures des années 1950, qu’à la comédie romantique, au drame social qu’à la chronique urbaine.
Juanjo Guarnido met en images de façon magistrale ce scénario. Son art de l’illustration fait merveille. Il campe sa galerie de personnages de belle manière, sachant donner attitudes et expressivités à une suite d’animaux qu’il présente avec des allures humaines. Il propose des décors sublimés par une mise en couleurs dont seul il a le secret.
Ce duo d’auteurs livre une fois encore un album qui s’inscrit au pinacle de la bande dessinée. À ne pas rater !
lire un extrait
serge perraud
Juan Diaz Canales (scénario, traduit de l’espagnol par Christilla Vasserot) & Juanjo Guarnido (dessin et couleur), Blacksad — t.07 : Alors, tout tombe (Seconde partie), Dargaud, novembre 2023, 56 p. — 16,95 €.