Deux hommes, au cœur d’une cabane située dans une région glaciaire, s’interrogent sur le contenu de ces feuillets récupérés dans un Thermos en bon état. Ils se demandent si ce manuscrit, signé de Bowen Tyler et Lys La Rue, n’est pas un canular.
Ce récit commence en pleine Première Guerre mondiale quand Bowen, un ingénieur travaillant dans l’entreprise de construction navale de son père, quitte la Californie pour intégrer une escadrille de combat aérien en France. Le navire, attaqué pat un sous-marin allemand, coule. Bowen réussit à monter dans une barque et sauve Lys, une jeune femme. Repêchés par un cargo anglais, ils sont de nouveau la cible du même U-boot. Mais l’équipage s’empare du sous-marin faisant prisonniers ce qui reste des hommes après le combat.
C’est avec ce sous-marin qu’ils veulent rejoindre une terre. Un saboteur détruit une partie des instruments et la boussole indique une direction problématique. Après quelques temps, ils aperçoivent des falaises qui semblent infranchissables. Quand ils peuvent enfin trouver une faille, d’énormes surprises les attendent…
Les Éditions Glénat s’emparent d’une partie de l’œuvre prolifique d’Edgar Rice Burroughs surtout connu comme le père de Tarzan. Mais ce n’est pas le seul héros à qui il a donné vie puisqu’il s’imposait d’écrire un roman tous les deux mois.
Le présent récit initie le cycle sur l’univers de Caspak, cette terre délaissée. Dans ce livre, l’auteur revisite les thèmes de l’évolution, des mondes perdus, un sujet qui était dans l’air du temps qui a nourri, par exemple, Un Monde perdu de Conan Doyle (paru en 1912).
La réalité est très présente et sert à construire l’histoire. Ainsi, les États-Unis sont entrés en guerre contre l’Allemagne le 6 avril 1917 et Burroughs s’attelle à la rédaction de ce livre à l’automne de la même année. Son héros part en France pour s’engager dans une escadrille.
Il présente les Allemands comme des individus n’ayant ni pitié, ni humanité en faisant couler un navire transportant des femmes et des enfants. Par contre, les Anglais ont énormément de qualités. Il montre également une défiance envers le socialisme, le communisme qui commence à étendre son influence.
On retrouve le héros cher à l’auteur, à savoir un homme blanc, intrépide, Anglo-Saxon, doté d’un fort sens de l’honneur, loyal tant dans ses engagements que pour son pays. Il est pour l’individualisme, prêt à imposer son mode de vie aux mondes qu’il découvre.
Corbeyran adapte ce texte en respectant l’esprit, gardant un ton un peu apprêté, ancien, la manière d’écrire de cette époque, mais modernisant quelque peu. Il rééquilibre, par exemple, les rapports du couple de personnages principaux, Bowen et Lys. Il les fait complémentaires. Il reprend le rythme des actions, multipliant les rebondissements sans temps mort. Les naufragés doivent se méfier sans cesse, le danger est partout.
Gabor, bien connu des amateurs de bande dessinée, assure un excellent dessin, que ce soit dans la première partie avec les navires, les combats navals, ou avec toutes les composantes de ce monde sans évolution. Il donne des décors, une faune, une flore, des paysages d’une grande beauté et d’une belle inventivité.
Un travail de belle facture servi par une mise en couleurs qui mobilise le savoir-faire de Hiroyuki Oshima.
Un dossier érudit, signé par Patrice Louinet, éclaire des pans de la vie d’Edgar Rice Burroughs et une partie de l’œuvre du romancier américain.
Une histoire où aventures et actions se conjuguent pour un agréable moment de lecture agrémenté de plus par un graphisme attractif.
serge perraud
Corbeyran (scénario d’après le roman d’Edgar Rice Burroughs), Gabor (dessin) & Hiroyuki Oshima (couleur), Un monde oublié T.01, Glénat, coll. “24x32”, octobre 2023, 64 p. –15,50 €