Contrairement à une idée répandue, la première régente, au sens plein et juridique du terme, ne fut pas Blanche de Castille ou Anne de Beaujeu, mais Louise de Savoie, la mère de François Ier, bien oubliée de nos jours. Et fort injustement car elle marqua l’histoire de son temps.
C’est ce que démontre la belle biographie que lui consacre Aubrée David-Chapy.
Tout d’abord par l’éducation soignée qu’elle donna à son fils, François d’Angoulême. Une éducation qu’elle reçut elle-même à la Cour de France, selon tous les critères de la fin du XVème siècle : lettrée, humaniste, classique ; laquelle prépara fort bien le futur roi de la Renaissance.
Cette implication annonçait la place fondamentale que Louise allait tenir auprès du souverain : la deuxième, bien après celle dévolue à la reine Claude. Et une place imminemment politique, à la fois au sein du Conseil, dans le protocole royal et lors de ses régences.
Car c’est bien là le cœur de cette histoire qu’analyse Aubrée David-Chapy. Toujours à la recherche d’une légitimité (elle n’est ni fille ni épouse de roi), Louise bénéficia, en l’exploitant, de son statut de mère de François Ier, lequel lui conféra, par actes juridiques, des pouvoirs réels lors de ses guerres en Italie, et surtout lors de sa captivité en Espagne.
Cet épisode permet à Aubrée David-Chapy d’analyser les arcanes de la monarchie des Valois, qui ne cesse d’affirmer son autorité sur le pays et à l’égard du Parlement, à la fois appui et rival de la régente.
Femme au royaume de la loi salique. Femme de pouvoir, de lettres, d’art : Louise de Savoie fut tout cela en même temps. Elle méritait donc cette biographie, à la fois scientifique et accessible.
frederic le moal
Aubrée David-Chapy, Louise de Savoie. Régente et mère du roi, Passés/composés, octobre 2023, 304 p. — 23,00 €.