Angela [a strange loop] (Susanne Kennedy)

© Julian Röder

L’arti­fice comme nature

Dans un décor fla­shy, consti­tué de simu­lacres mon­trés comme tels, une jeune femme siège sur son lit, les yeux se fixant alter­na­ti­ve­ment sur son Smart­phone et dans le vide, à moins que ce ne soit sur le public. Des sons sourds accom­pagnent l’ouverture des portes qui pré­cède cha­cune des visites qu’elle reçoit.
Les per­sonnes qui se pré­sentent ont une atti­tude un peu méca­nique, due non seule­ment au carac­tère conven­tion­nel de leur pro­pos, mais encore au fait que leurs voix sont enre­gis­trées. On semble se situer dans un jeu vidéo au ralenti, où tout est fabri­qué, jusqu’aux répliques stan­dar­di­sées des pro­ta­go­nistes de l’absence d’action. Dans cet envi­ron­ne­ment asep­tisé, la patho­lo­gie, ano­nyme, comme sans sujet, reste insai­sis­sable, quoiqu’omniprésente.

Si le pro­pos est nova­teur, il confine par­fois à l’abstraction, dans la célé­bra­tion de l’ellipse et du quo­ti­dien. Comme le décor, les per­son­nages n’ont aucune épais­seur, hor­mis Angela qui trouve son iden­tité dans le reflet qu’elle émet sur les réseaux sociaux. L’épure scé­nique prend un aspect méta­phy­sique, à moins que ce ne soit mys­tique, dans la mons­tra­tion d’un accouchement-déjection, comme si Angela ne pou­vait enfan­ter que sa mala­die, comme si l’avenir de l’humain ne pou­vait s’appréhender que dans son expec­to­ra­tion. Dans une recherche dont cer­tains aspects res­tent her­mé­tiques, Susan Ken­nedy inter­roge l’artificialité de nos vies en mul­ti­pliant les arti­fices scé­no­gra­phiques, au risque de faire fi de la théâtralité.

chris­tophe giolito 

 

Angela [a strange loop] 

Concep­tion Susanne Ken­nedy et Mar­kus Selg
texte et mise en scène Susanne Ken­nedy
en anglais, sur­ti­tré en français

avec Tar­ren John­son, Ixchel Men­doza Hernán­dez, Domi­nic San­tia, Kate Strong et Dia­manda La Berge Dramm (musique live)

Scé­no­gra­phie Mar­kus Selg ; concep­tion sonore, mon­tage Richard Alexan­der ; bande son Richard Alexan­der, Dia­manda La Berge Dramm ; vidéo Rodrik Biers­te­ker, Mar­kus Selg ; cos­tumes Andra Dumi­trascu ; dra­ma­tur­gie Helena Eckert ; lumière Rai­ner Cas­per ; col­la­bo­ra­tion à la mise en scène Frie­de­rike Köt­ter ; assis­tante à la scé­no­gra­phie Lili Süper ; assis­tantes aux cos­tumes Anas­ta­sia Pilep­chuk, Anna Jan­nicke ;direc­teur de la pro­duc­tion artis­tique Phi­lip Decker ; direc­teur tech­nique de la pro­duc­tion Sven Nich­ter­lein ; dis­tri­bu­tion inter­na­tio­nale Rui Sil­veira – Some­thing Great ; orga­ni­sa­teur des tour­nées Niki Fischer – Some­thing Great.

Du 8 au 17 novembre 2023 au Théâtre de l’Odéon — Ate­liers Berthier

1, rue André Sua­rès, Paris 17e (angle du bd Ber­thier), Porte de Cli­chy, à 20h, durée 1h40.

Pro­duc­tion Ultra­world Pro­duc­tions ; ges­tion de la pro­duc­tion Some­thing Great ; copro­duc­tion Kuns­ten­fes­ti­val­de­sarts, Odéon-Théâtre de l’Europe, Fes­ti­val d’Automne à Paris, Fes­ti­val d’Avignon, Hol­land Fes­ti­val, Wie­ner Fest­wo­chen, Fes­ti­val Romaeu­ropa, Natio­nal Theatre Drama – Prague Cross­roads Fes­ti­val, Tea­tro Nacio­nal de São João, Volksbühne am Rosa-Luxemburg-Platz ; avec le sou­tien de la Fon­da­tion Ammodo, la Fon­da­tion cultu­relle fédé­rale alle­mande ;avec le finan­ce­ment de la Com­mis­sion pour la culture et les médias du gou­ver­ne­ment fédé­ral alle­mand ; en coréa­li­sa­tion avec le Fes­ti­val d’Automne à Paris.

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