Contre les maladies chroniques
“Il n’est pas de pensée affligeante dont une marche plus ou moins longue ne puisse nous débarrasser. (…) les pas nous dépouillent des pensées parasites.” ,écrit Otte qui, dans son livre, propose et prépare un apprentissage de la sérénité. Certes, tout humain à partir de sa naissance n’a qu’un souci : “s’occuper à apprendre à mourir”. Là notre seul activisme digne de ce nom.
De fait, Otte dans cette spéculation charge un peu la barque mais c’est pour nous rendre plus présent à notre quotidien. Car l’esprit a la vie difficile et l’existence reste dans le même état. Il faut donc cultiver des anticorps inventifs et robustes afin de de rejeter hors de nous ce qui veut disparaître.
Telle est donc la formule de ce livre qui tente de tempérer jusqu’à notre intelligence car elle ne fait pas tout, surtout lorsqu’elle se veut doctrine et seule appétence. Sachons trouver notre science ailleurs car il existe dans notre prétendue pensée bien des biais cognitifs et autres papillons virus.
Il ne faut donc pas le renier et être capable de voir ce qui, au fil de l’histoire humaine, s’est arrangé. Il n’empêche que la perfection n’est pas de ce monde et qu’il faut pour l’atteindre– comme l’écrit l’auteur - “être autre chose qu’un amateur éclairé”.
Qu’à cela ne tienne, le dur désir de durer fait que nous devons tenir pour tenter de rendre le monde habitable même si ce n’est pas gagné. Au besoin,sachons pactiser avec ce qui nous dépasse : à savoir le mystère dont tout le monde est fait. Tel doit être notre vouloir vivre le moins mal possible. Cela reste un défi. Il est toujours d’une autre âge mais du nôtre aussi.
jean-paul gavard-perret
Jean-Pierre Otte, es anticorps”, éditions Le Temps qu’il fait, avant-propos de Manuel Schmitz, octobre 2023, 168 p. — 20,00 €.