Parcelle 475/593 est dédié à un lieu d’enfance que le photographe continue d’habiter. Le titre du livre porte le nom de la parcelle d’un jardin que Stéphane Spach explore depuis l’enfance. S’y entremêlent une familiarité et une étrangeté ou si l’on préfère un ici et un ailleurs. Les photographies du livre, accompagnées d’un texte de Jérôme Thélot, ouvrent à une fascination particulière : celle qui se ressent dans les lieux que nous habitons et qui nous hantent.
S’y éprouve la persistance de cette étrangeté fondamentale née d’une proximité première où depuis toujours Spach traque “l’inconnu des lumières changeantes et des existences non-humaines.” A côté des photographies, des notes et fragments de souvenirs soulignent des émotions fugitives mais persistantes.
C’est par et pour elles que l’artiste continue à photographier ce lieu de son existence avec ses coins et des recoins et “avec tous les printemps, des fleurs imperturbables qui poussent. Des fleurs dont on cherche le nom dans les encyclopédies et puis que l’on oublie.”, écrit-il.
Existe là une quête de l’innommable troublant que le photographe traque dans les irisations des premiers plans comme des fonds. En un tel lieu — et pour cause -, le passé n’est pas vraiment passé,. Il persiste et espère même une sorte de répétition pour que l’enfance et ses épiphanies recommencent.
Comme l’écrit Jérôme Thélôt, s’inscrit en de telles images “l’arrivée des choses avant leur compréhension, l’éploiement des épiphanies avant leur arrestation comme objets”. C’est ce qui donne à cet ouvrage un caractère si original.
jean-paul gavard-perret
Stéphane Spach, Parcelle 475/593, L’Atelier Contemporain, Strasbourg, novembre 2023, 88 p. — 25,00 €.