Camille Brasselet aime ses modèles. Elle les met dans des décors plus ou moins “glacés” afin que le corps nu soit encore plus troublant dans sa réponse au lieu.
De fait, par son usage la nudité se dérobe ( certes pas complètement). En découle un agencement particulier dans lequel la question du hors-champ est omniprésente.
La jeune photographe crée de la sorte des cérémonies secrètes où le corps est fixé dans des compositions minimaliste sous fond des céramiques d’une salle de bains ou derrière une serviette éponge qui recouvre le haut du corps pour cacher toute identification psychologisante.
Et lorsque le visage apparaît, il ne cherche pas à séduire : il est en fuite — comme peut-être l’amour. Tout incite à aller voir plus loin dans cet art tacite de la faille, en — dit la créatrice — une “forme de douceur sourde et étrange”.
Se créent ainsi des moments d’extase nue mais bien loin des poncifs de l’érotisme masculin. Une certaine froideur est de mise afin de perturber tout effet de voyeurisme là où le corps se veut une présence “in absentia” mais néanmoins prégnante et extensible.
jean-paul gavard-perret
Camille Brasselet, The Sound Of Silence, Editions Bessard„ collection Bespoke n°18, Paris, octobre 2023, n. p. — 30,00 €.